Les enseignants contractuels en conflit avec les académies régionales

Les enseignants contractuels poursuivent leur grève en dépit des 14 amendements adoptés par les académies régionales (AREF), dont la révision de leur statut. En riposte, les AREF ont enclenché une procédure d’abandon de poste.

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Cet été, les manifestations pour demander l'intégration des contractuels 
à la fonction publique se 
sont multipliées. Crédit: Rachid Tniouni / TelQuel

Après les concessions, les directeurs des 12 Académies régionales de l’éducation et de la formation (AREF) du Royaume ont décidé de passer aux sanctions. Les responsables régionaux ont adressé lundi une note aux directeurs provinciaux des AREF, leur demandant d’enclencher la procédure d’abandon de poste à l’encontre des enseignants contractuels, notamment pour “absentéisme collectif durant deux semaines”.

Pour rappel, les enseignants contractuels des AREF observent une grève ouverte depuis début mars pour revendiquer leur intégration au statut général de la Fonction publique. Cette grève se poursuit en dépit des 14 amendements annoncés par le ministère de l’Éducation nationale le 9 mars et adoptés le 13 mars par le Conseil d’administration des AREF.

Ces amendements portent particulièrement sur l’abandon du système de recrutement par contrat. Ils remplacent également la dénomination d’ “enseignant contractuel” par “enseignant-cadre”, et accordent également à ces enseignants des droits similaires à ceux des fonctionnaires du ministère de l’Education.

Dans leur lettre, les directeurs régionaux invitent “les directeurs et directrices des établissements scolaires à accélérer l’application de la procédure d’abandon de poste à l’encontre des enseignants absents”, et à “transmettre les listes des concernés aux AREF au plus tard le jeudi 21 mars”, lit-on dans une note de l’académie régionale de Casablanca-Settat.

Une décision de la tutelle

Cette note fait suite à la décision du ministère de l’Éducation nationale de prendre des mesures administratives et légales à l’encontre de toute personne entravant le bon déroulement des cours. Dans un communiqué diffusé lundi, le département de Said Amzazi annonce des procédures disciplinaires en cas d’absentéisme injustifié.

Le communiqué souligne également que “certaines parties continuent de faire pression sur les enseignants afin de les dissuader de regagner leurs établissements et d’accomplir leur devoir”, alors que “le gouvernement a rempli ses engagements envers les enseignants-cadres des AREF en apportant les amendements nécessaires à leur statut”.

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Une décision “infondée” et “illégale” pour les contractuels

Pour Khadija El Bakaye, membre du Conseil national de la Coordination nationale des enseignants contractuels, la décision prise au niveau des AREF est “infondée”. L’enseignante explique que les instances régionales ont eu recours à l’article 75 bis de la loi sur la Fonction publique. Or,  “ces mêmes responsables ne cessent de répéter que nous sommes des cadres des AREF, et donc, que nous ne dépendons pas dudit statut”, s’insurge notre interlocutrice, qui rappelle que “l’intégration de ce statut est la principale revendication des enseignants”.

En plus d’être “infondée”, la décision des directeurs des AREF est “illégale”. Alors que la note des AREF s’attaque à “l’absentéisme injustifié”, notre interlocutrice souligne que “les enseignants concernés par cette décision sont en grève”, tout en rappelant que “la grève est un droit constitutionnel”, en vertu de l’article 29 de la Constitution.  “Si la tutelle nous considère comme absents pourquoi a-t-elle attendu trois semaines avant d’enclencher la procédure d’abandon de poste?”, s’interroge Khadija El Bakaye.

Ce n’est pas la première décision contestée par la Coordination. “Les AREF ont procédé à la suspension des salaires des enseignants contractuels recrutés en 2016, puisqu’ils ont refusé de signer le contrat annexe numéro 1”, déplore l’enseignante. Khadija El Bakaye dénonce une décision “illégale”, étant donné que “ces enseignants étaient en exercice”.