Fuite des cerveaux: Atos annule une campagne de recrutement d'ingénieurs marocains

Atos a cherché à débaucher des ingénieurs marocains pour les employer en France. Devant le tollé général, la multinationale a annulé sa session de recrutement à la dernière minute.

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Cette initiative, locale et isolée, a été immédiatement annulée par le groupe Atos dès qu’il en a pris connaissance. » Mardi 5 février, le géant français de la transformation digitale Atos, a annulé en catastrophe une opération de recrutement d’ingénieurs marocains. Dans une annonce datant du 30 janvier, la firme conviait à une session d’embauche, le 16 février à l’hôtel Farah de Casablanca, les candidats intéressés par une expérience de longue durée… en France. Or, depuis 2016, la multinationale bénéficie de mesures d’incitations fiscales octroyées par le gouvernement marocain.

L’annonce, partagée sur les réseaux sociaux, a été abondamment commentée. Atos y est accusée d’organiser des sessions de « fuite des cerveaux » en direction de la France, au lieu de soutenir la création de l’emploi au Maroc. Sur Twitter, le directeur général d’Attijariwafa Bank Ismaïl Douiri déplore par exemple une manoeuvre « court-termiste » qui déséquilibre la balance du développement « de part et d’autre de la Méditerranée ».

« Une annonce scandaleuse »

Bien implanté dans le paysage marocain, Atos est membre de l’Apebi, la Fédération marocaine des technologies de l’information, des télécommunications et de l’offshoring. Jointe par Medias24, sa présidente Salwa Karkri-Belkziz a d’ailleurs fustigé la démarche d’Atos, déclarant qu’il en serait question lors d’une prochaine réunion au sein de l’Apebi. De fait, elle dénonce « une annonce scandaleuse de la part d’une entreprise qui a reçu pas mal d’incitations et développé ses activités au Maroc. L’objectif était de créer des emplois ici. »

Après l’annulation de l’événement, Atos s’est pour sa part fendu d’un communiqué, dégageant la firme de toute responsabilité dans cette opération. « Le groupe Atos a pris connaissance avec regret d’une communication pour l’organisation d’un forum à destination des professionnels de l’informatique au Maroc allant à l’encontre de la politique de recrutement du groupe. Cette initiative, locale et isolée, a été immédiatement annulée par le groupe Atos dès qu’il en a pris connaissance », se justifie le groupe, réaffirmant son implication en Afrique, où il est « présent depuis 60 ans » et « emploie aujourd’hui plus de 2.500 personnes ».