Au procès du conducteur du TNR 9, les témoins reconstituent les instants précédant le drame

Le procès de Larbi Rich, conducteur du train ayant déraillé le 16 octobre 2018 à Bouknadel, faisant 7 morts et 125 blessés, se poursuivait ce mardi 29 janvier au tribunal de première instance de Salé. Récit.

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FADEL SENNA / AFP

Ce mardi, le juge El Malki Hazim poursuivait l’audition des déclarants du dossier. Il s’agit d’employés de différents départements de l’Office national des chemins de fer, liés de près ou de loin à l’accident du TNR9. Mohamed B., chef de la circulation entre Salé-Tabriquet et Sidi Taïbi est le premier à comparaître devant le juge. Sa tâche consiste à tracer les itinéraires des trains, décider des changements de voie, et veiller à la fluidité du réseau. « Nous avions procédé à un changement de voie pour les trains passant par Rabat et Salé en direction de Kénitra, en raison d’un problème technique sur la voie ferrée« , se souvient-il.

Ainsi, les trains se dirigeant vers le nord devront dévier de la voie n°1 à la voie n°2 à hauteur de Sidi Taïbi, à une quinzaine de kilomètres de Kénitra. Trois trains effectueront ce changement sans encombre. Mais peu après neuf heures, une violente secousse se fera sentir à bord du train n°153, reliant Casablanca à Tanger, à hauteur du point de déviation de Sidi Taïbi. Mohamed B. est alerté, il décide, par mesure de précaution, que la déviation s’effectuera en amont à Bouknadel, lieu du drame. Une manœuvre que le train n°111 réalisera sans problème, à 9h30.

D’après les résultats de l’enquête de la Gendarmerie royale, révélés en octobre dernier par nos confrères de Médias24, la secousse ressentie à bord du train n°153 à hauteur de Sidi Taïbi est dûe, à un excès de vitesse au moment du franchissement. Celle-ci est limitée à 100 km/h, alors que le train se déplaçait à plus de 120 km/h au point de déviation. Une erreur d’ailleurs reconnue par le conducteur du train n°153, qui évoquera « une absence » devant les enquêteurs. En revanche, au point de déviation de Bouknadel, la vitesse est limitée à 60 km/h. Le TNR9 lui, roulait à 158 km/h, presque 100 km/h de plus que la vitesse maximale autorisée. Le conducteur, Larbi Rich assure ne pas avoir vu de panneau annonçant un changement de voie ni de limitation de vitesse. D’après Médias24, il a affirmé aux enquêteurs qu' »un seul panneau était visible à la sortie de Bouknadel : celui d’une voie dégagée, une vitesse libre et un trajet sur la même voie« .

Le système de signalisation, installé par Bombardier-Espagne, peut-il avoir fait défaut, en affichant une information différente de cette commandée par le chef de circulation ? “Impossible”, selon A. Yassine, chef du département de maintenance des équipements ferroviaires à l’ONCF, pour qui le système est tout simplement “sacré”. Sacré de par sa fiabilité, car son niveau de sécurité SIL-4 correspond à un seul risque d’erreur sur 12 milliards d’opérations. Lui-même étaye la version de Mohamed B., le chef de la circulation. “Je faisais partie de la commission dépêchée sur le lieu de l’accident peu après le drame. Une fois sur place j’ai immédiatement constaté que le panneau de signalisation affichait une limitation de vitesse à 60 km/h. 600 mètres plus loin, un autre panneau, celui du rappel d’annonce, indiquait la même information”, se souvient-il. Prochaine audience, mardi 5 février.