Le Parlement a définitivement approuvé dans la nuit de vendredi à samedi les mesures d’urgence de 10 milliards d’euros destinées à alléger la pression fiscale et accroître le pouvoir d’achat, revendications phares des « gilets jaunes ». Mais nombre d’entre eux ne semblent pas encore prêts à cesser la contestation, qui a créé la pire crise essuyée par Emmanuel Macron, déjà au plus bas dans les sondages.
Le nouveau samedi de manifestation, promis par les « gilets jaunes » français les plus déterminés, ne rassemblait toutefois que peu de monde en milieu de journée. Juste en face du château de Versailles, où les rois de France avaient été délogés lors de la Révolution de 1789, les « gilets » n’étaient qu’une soixantaine vers midi, selon l’AFP. Le préfet avait estimé vendredi que « plusieurs centaines« , voire « un millier » de « gilets » pourraient y manifester.
Dans la capitale, quelque 800 « gilets jaunes » manifestaient dans le calme en plusieurs endroits, a indiqué vers midi la préfecture de police. Sur les Champs-Elysées, épicentre des manifestations, les cafés et restaurants déployaient normalement leurs terrasses et la quasi-totalité des magasins exhibaient leur vitrine. « Paris dans la rue !« , clamaient des manifestants défilant non loin des grands magasins parmi les personnes faisant leur shopping de Noël, selon une journaliste de l’AFP.
Jean-Philippe et Jennifer, des Belges vivant dans le nord de la France, sont venus « pour qu’Emmanuel Macron dégage« . « Ce qui m’a plu, c’est que les gens ont commencé par la taxe carburant, et fini par se dire qu’il fallait être sur un pied d’égalité, que 1% ne pouvait pas gouverner 99%« , expliquent-ils.
Les commerces parisiens, qui devraient accueillir de nombreux clients avant Noël, ont été « invités à faire preuve de vigilance » par la préfecture de police. « Un dispositif de sécurité proportionné et adapté » a été mis en place, selon le ministère de l’Intérieur, qui n’a pas précisé le nombre de forces mobilisées.
La semaine dernière, environ 69.000 membres des forces de l’ordre avaient été déployés, dont 8.000 à Paris, appuyés par des véhicules blindés à roues de la gendarmerie. Ces véhicules blindés sont également positionnés en régions, où des heurts avaient aussi été notés, notamment à Toulouse et Bordeaux (sud-ouest).
Des « gilets jaunes » ont aussi appelé à bloquer le passage des camions aux frontières. Plus de 300 d’entre eux bloquent depuis samedi matin une bretelle d’autoroute au niveau du Boulou, près de la frontière espagnole, a constaté l’AFP. « Le roi Macron donne des miettes aux gueux« , « Le mépris ça suffit« , pouvait-on lire sur leurs banderoles.
Des perturbations de la circulation ont également été signalées à la frontière belge. Mais certains « gilets », eux, demandent une trêve pour Noël, plus d’un mois après le début du mouvement. Alors que la première manifestation, le 17 novembre, avait rassemblé 282.000 manifestants, ils n’étaient plus que 166.000 le 24 novembre, 136.000 les 1er et 8 décembre et enfin 66.000 le 15 décembre, selon des chiffres officiels (les « gilets » ne donnent pas d’estimation).
Autre signe de l’essoufflement, le ministère de l’Intérieur a décompté 3.680 « gilets jaunes » jeudi sur les nombreux poins de filtrage de la circulation qui sont quotidiens en France depuis le début du mouvement, soit la plus faible mobilisation. Des centaines de ronds-points où s’étaient installés les « gilets » ont été démantelés par les forces de l’ordre, le gouvernement exigeant que cesse un mouvement en marge duquel dix personnes ont été tuées, souvent dans des accidents de la route.
Un automobiliste est mort dans la nuit de vendredi à samedi après avoir percuté un camion bloqué à un barrage filtrant de « gilets jaunes », près de Perpignan (sud), selon une source judiciaire.