A Tétouan, les ultras du MAT en porte-voix de la colère après la mort de Hayat Belkacem

Slogans "anti-makhzen", tenue endeuillée, sifflets... Les supporters du Moghreb Athlétic Tétouan ont, l'espace d'une journée de match, affiché leur colère suite à la mort de Hayat.

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Le 28 au soir, des supporters du MAT dans les rues de Tétouan. Crédit: Facebook

 

De notre envoyé spécial à Tétouan

La mort de Hayat Belkacem, jeune candidate à l’émigration clandestine tuée par les balles de la Marine royale sur un go-fast au large de Fnideq, a pesé sur la fête que devait être le match opposant le Moghreb Athletic Tétouan au Kawkab de Marrakech le 28 septembre, la première rencontre à domicile de la saison pour la Paloma Blanca. La veille du match, les ultras du club, Los Matadores 2005, ont publié une annonce sur leur page Facebook officielle, dans laquelle ils invitaient les supporters à se rassembler sur le boulevard Tariq Ibnou Zyad (communément appelé Delgado) à 16h00, soit deux heures avant le coup d’envoi du match.

Les ultras du MAT ont en effet pris l’habitude de marcher en cortège du centre-ville jusqu’au stade Saniet Rmel. Cependant, il leur était demandé cette fois de porter du noir, « en signe de protestation contre la politique d’oppression adoptée par l’Etat makhzénien contre son peuple, et dont Hayat est victime ».

Samedi, 16 heures. Une présence policière massive quadrille les rues du centre-ville de Tétouan. Une demi-douzaine d’estafettes des forces auxiliaires sont garées sur la place Moulay Mehdi. A une centaine de mètres de là, sur le Delgado, une clameur nous parvient. La police a dispersé le rassemblement des ultras. Pendant plusieurs minutes, le centre-ville est plongé dans l’incompréhension. Les supporters marchent alors en petits groupes, et le cortège est finalement reformé plus loin, sur l’avenue Massira qui mène directement au stade. « Avec l’âme, le sang, nous te vengerons Hayat », « le peuple veut celui qui a tué Hayat », ou encore « Viva Espana ». Le cortège des ultras s’improvise en manifestation populaire.

Une fois arrivés au stade, les supporters ne décolèrent pas. Leurs sifflets couvrent l’hymne national, joué avant le coup d’envoi. Vue à la télévision, le réalisateur d’Arryadia s’efforce de zoomer sur un drapeau géant, sur les joueurs, sur les bancs de touche, sans s’aventurer sur les gradins. Ce n’est pas la première fois que l’hymne national est hué dans un stade de football au Maroc. Le 27 août dernier, quelques jours après l’annonce du rétablissement du service militaire obligatoire, les supporters du Raja Casablanca avaient ignoré l’hymne national pour entonner un « Dima Raja ».

Après la fin du match, perdu sur le score de 1-4 par les locaux, certains supporters du MAT ont déversé leur colère sur les équipements de la ville. Des pots de fleurs et des bennes à ordures ont été renversées, et nous avons même constaté des dégradations mineures de certaines voitures au niveau du centre-ville.

Tard dans la nuit, la page officielle des Matadores a publié une photo d’une convocation à comparaître devant la police judiciaire de Tétouan, envoyée selon eux au noyau du groupe. « Nous ignorons les raison, le fondement et le dessein de cette convocation », ont commenté les administrateurs de la page. Ces incidents n’ont pas fait l’objet de communication de la part des autorités.

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