La version de l’armée sur la mort de Hayat Belkacem

Une source militaire confie à TelQuel que l’interception d’un go-fast ayant causé la mort de Hayat Belkacem le 25 septembre a été menée par « deux gardes côtes » dont l’un a effectué des tirs de semonce vers l’embarcation « au comportement hostile ».

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Deux membres de la marine royale marocaine longent le quai lors de l'accostage de l'un des cinq navires du Groupe maritime permanent de l'Otan (SNMG2) au port de Casablanca le 16 septembre 2010. Les cinq navries de l'OTAN font escale au port de Casablanca du 16 au 19 septembre 2018 dans le cadre de la cooperation avec le Maroc et renforcement les relations, notamment dans la lutte contre le terrorisme. Crédit: AFP PHOTO / ABDELHAK SENNA

Après l’interception par la Marine royale d’un go-fast transportant des candidats à l’émigration clandestine, causant la mort de Hayat Belkacem, une Marocaine de 20 ans originaire de Tétouan, la Marine royale a ouvert une enquête, rapportent des sources concordantes à TelQuel.

Une source militaire communique à TelQuel des « éléments de cette enquête ». « Deux Garde-côtes de la Marine Royale ont intercepté au large de Fnideq un « Go-fast » non identifié recouvert d’une bâche, en provenance du préside de Sebta, » nous affirme-t-on.

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Des éléments qui diffèrent de ceux « des autorités locales de la Préfecture de M’diq-Fnideq », relayés par l’agence marocaine MAP le 25 septembre et qui faisaient état d’ « une unité de combat relevant de la Marine Royale, opérant en Méditerranée. » Le secret défense nous est opposé lorsque nous demandons de quel type de navire il s’agissait. « Ce n’est pas une ‘unité de combat’, c’est un garde-côte, » insiste néanmoins notre source.

Notre source décrit la scène de la manière suivante : « A l’approche d’un des Garde-Côtes, le « Go-fast » a accéléré pour prendre la fuite. Une course poursuite a alors été engagée pour l’arrêter. Le « Go-fast » suspect a adopté une attitude hostile en recourant à des manœuvres dangereuses qui allaient provoquer une collision évitée de justesse par le Garde-côte de la Marine Royale. Celui-ci a été astreint de procéder à des tirs de semonce. Les manœuvres du « Go-fast » pour essayer d’échapper au contrôle du Garde-côtes de la Marine Royale, a placé celui-ci dans le champ de tir du Garde-côte marocain ce qui a provoqué la blessure de quelques occupants du « Go-fast » qui s’est révélé par la suite transportant des candidats à l’émigration clandestine dissimulés sous la bâche. »

Une telle description tend à la fois à caractériser la légitime défense (« attitude hostile »), à accréditer la thèse d’un go-fast qui se met lui-même sous le feu des tirs de semonce du garde-côte (« placé celui-ci dans le champ de tir ») et à affirmer que les migrants n’étaient pas visibles (« sous la bâche »).

« Le go-fast effectuait des manoeuvres intimidantes, il lui fonçait dessus car le garde cote lui coupait la route, » nous précise-t-on.

« La procédure veut que si un bateau suspect ne veut pas obtempérer, on procède à des tirs de semonce. S’il n’obtempère pas, on peut tirer, sur le moteur » précise notre source, indiquant que des « armes conventionnelles » ont été utilisé dans le cas d’espèce, sans plus de précision sur le modèle de ces armes.

« Dans ces cas-là, vous n’attendez pas un ordre de la terre, il faut faire vite. Vous visez le moteur, mais vous tirez depuis un bâtiment en mouvement – qui tangue sur la houle – sur une embarcation elle-même en mouvement,  » ajoute-t-on.

Un comportement que notre source appuie par le fait que « seul un pilote était visible, les migrants étaient camouflés sous une bâche de la même couleur que la mer pour plus de discrétion. »

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