Aziz Akhannouch a exposé le 5 juin au soir devant les députés membres de la Commission des secteurs productifs de la Première chambre du Parlement un rapport de son département sur le secteur du lait. Dans son énoncé, le ministre a rappelé l’évolution négative enregistrée récemment dans le secteur. Des résultats qui perdureront « vu la poursuite de la campagne de boycott » a-t-il indiqué.
Face aux députés, le ministre a expliqué qu’à cause du boycott, « la filière serait impactée négativement, sous l’effet de dislocation de la chaîne de production et du développement de la commercialisation informelle ». Il prévoit également « la baisse des revenus traduits par la réduction du nombre de transactions agricoles« . Pour l’Etat, le boycott est aussi synonyme de « recul de de la contribution du secteur dans le PIB, ainsi que celui des recettes fiscales agricoles« .
Citant nommément Centrale Danone, Aziz Akhannouch a parlé de « perte d’emplois directs et indirects » et de « fermetures de sites industriels« . Ces deux éventualités, déjà évoquées par le DG de Central Danone le 29 mai dernier « risquent de mettre à mal l’écosystème entourant le secteur« . S’agissant de l’alternative de vente du lait « en détail » dans le circuit informel, le ministre dit craindre des « répercussions en matière de santé« , de « non respect de normes de sécurité » et de « vente de lait frelaté« .
« Le gouvernement tient ses responsabilités et se range derrière les agriculteurs producteurs de lait » indiquait Aziz Akhennouch. Ces derniers « ne doivent pas retirer leur confiance et leur investissement du secteur » estime-t-il. Le ministre a néanmoins prévenu des risques de « perturbation des équilibres du secteur »
Les salariés devant le Parlement… avec Daoudi
Le ministre de l’Agriculture a dévoilé à cette occasion quelques chiffres liés au Plan Maroc Vert (PMV) que gère son ministère. Il en ressort que le cheptel bovin « est passé de 2,8 à 3,3 millions de têtes depuis le lancement du PMV en 2008 à 2017« .
Aziz Akhannouch estime que l’effort consenti en terme d’amélioration du patrimoine génétique dans le cadre du PMV concerne « 71% du cheptel« , constituant de ce fait « un facteur clé« . De même, le nombre de vaches laitières a « presque doublé » durant la période allant de 2014 à 2017. Il est ainsi « passé de 6000 à 11 960 » selon le ministre.
A l’échelle du pays, la filière du lait « contribue de façon effective dans la sécurité alimentaire du pays, en raison de la hausse de sa production de 42% entre 2008 et 2017« . Une hausse qui a « permis de répondre à la demande locale à hauteur de 96% » d’après les chiffres du ministre.
Cette chaîne de production « assure le revenu de plus de 200 000 familles » et « constitue le gagne pain de 1,4 millions de personnes » selon Aziz Akhannouch. S’agissant de l’emploi, la même filière « crée entre 400 et 450 000 emplois directs et indirects » déclare-t-il, en prévenant des « dommages que peuvent subir les petits agriculteurs suite au boycott, car 95% des éleveurs possèdent moins de 10 vaches« .
Pendant la tenue de cette réunion en Commission, les salariés de Centrale Danone tenait un sit-in devant le Parlement. Sit-in auquel le ministre des Affaires générales Lahcen Daoudi a pris part en reprenant en coeur les slogans des manifestants, lui valant les réprobations du chef de gouvernement, de ses camarades du PJD, et de l’opinion, avant de prendre part à cette réunion de la Commission des secteurs productifs.
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