La justice enquête sur Apple soupçonné de ralentir ses iPhone

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Selon l'avocat de l'association plaignante, "il s'agit de la première procédure pénale au monde contre Apple, sur le fondement de l'obsolescence programmée" (crédit: DR)

Apple a-t-il organisé le ralentissement de ses anciens modèles d’iPhone, dans le but de doper ses ventes? La justice française vient d’ouvrir une enquête pour « obsolescence programmé », qui s’ajoute à celle menée contre le fabricant d’imprimantes Epson.

Le parquet de Paris a ouvert, jeudi 5 janvier, une enquête préliminaire visant Apple pour « obsolescence programmée » et « tromperie », a appris lundi l’AFP de source judiciaire. Cette enquête fait suite à la plainte de l’association Halte à l’obsolescence programmée (Hop), visant Apple France.

Le 27 décembre, l’association avait annoncé avoir saisi le procureur de la République, après que le géant américain a admis ralentir volontairement ses anciens modèles de smartphones pour préserver leur durée de vie. Selon sa plainte, Hop estime qu’Apple, à travers les mises à jour de ses iPhone, en réduit volontairement les performances et la durée de vie, afin d’en accélérer le remplacement. « Apple a mis en place une stratégie globale d’obsolescence programmée en vue d’augmenter ses ventes », faisait valoir l’association.

Lundi, le collectif s’est félicité « de la décision courageuse du procureur de la République ». « Il s’agit de la première procédure pénale au monde contre la société, sur le fondement de l’obsolescence programmée », a affirmé à l’AFP Emile Meunier, avocat de l’association.

Joint par l’AFP, Apple France n’a pas souhaité commenter dans l’immédiat.

En France, c’est la seconde enquête du genre, après celle ouverte le 24 novembre à Nanterre contre le fabricant japonais d’imprimantes Epson, pour les mêmes soupçons. Lui aussi s’était retrouvé dans le collimateur de l’association, qui avait alors déposé la première plainte pour « obsolescence programmée ». Elle visait plusieurs industriels, dont Epson, accusés d’utiliser des « techniques » pour pousser les consommateurs à racheter des cartouches d’encre.

Jusqu’à deux ans de prison et une amende de 5% du chiffre d’affaires

Pour l’association Hop, la firme californienne, par ailleurs visée par une action de groupe aux États-Unis, est susceptible d’être poursuivie pénalement pour l’ensemble des iPhone vendus en France depuis la promulgation de la loi du 17 août 2015, qui a introduit le délit d’obsolescence programmée dans le droit français. Selon le code de la consommation, il est punissable d’une peine de deux ans d’emprisonnement et d’une amende jusqu’à 5% du chiffre d’affaires moyen annuel.

Le groupe américain, qui commercialise chaque année un nouveau modèle de son téléphone vedette, avait révélé le 21 décembre qu’il bridait volontairement les performances du téléphone dans le but « de prolonger la durée de vie » de celui-ci. Une décision prise, selon lui, en raison de l’utilisation de batteries au lithium-ion qui, en vieillissant, ont davantage de difficultés à répondre à d’importantes sollicitations par l’utilisateur du téléphone. Ces aveux venaient ainsi, pour la première fois, confirmer des rumeurs de possibles ralentissements volontaires des iPhone, récurrentes depuis des années dans la presse spécialisée ainsi que les nombreux sites consacrés à Apple.

En France, les investigations vont être menées, sous l’autorité du parquet, par des enquêteurs spécialisés dotés de pouvoirs de police judiciaire au sein de la « répression des fraudes », une administration relevant du ministère de l’Économie. L’association Hop affirme qu’elle va leur « communiquer plus de 2.600 témoignages de clients d’Apple en France ». « Nous appelons tous les clients d’Apple qui se sentent lésés par le ralentissement de leur téléphone après sa mise à jour, à se rendre sur le site de l’association en vue de se joindre à une éventuelle plainte pénale collective », a ajouté l’avocat Emile Meunier. Ce dernier demande à Apple « de coopérer en toute transparence avec les autorités judiciaires et d’indemniser le préjudice de ses clients ».

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