Comment fonctionne le ministère de l'Education depuis le licenciement de Mohamed Hassad?

Depuis deux mois, le ministère de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur est orphelin de Mohamed Hassad qui avait lancé un grand nombre de réformes.

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L'ancien ministre de l'Intérieur Mohamed Hassad. Crédit: Yassine Toumi / TelQuel

Deux mois après le limogeage de Mohamed Hassad, son siège est toujours vide au ministère de l’Éducation nationale et de l’enseignement supérieur. L’ancien ministre de l’Intérieur, nommé en avril 2017, avait présenté dès juillet son plan d’action pour réformer l’éducation, avant d’être débouté quatre mois plus tard suite à la publication du rapport de la Cour des comptes sur les failles de gestion du projet « Hoceima Manarat Al Moutawassit ». Alors que de nombreuses réformes ont été engagées, le ministère doit faire face à l’absence de nouveau ministre à sa tête.

« La convention pour engager les projets de généralisation du préscolaire n’a pas été signée par le ministre Mohamed Hassad« , note Taieb Chkili, président de la Fondation marocaine pour la promotion de l’enseignement préscolaire (FMPS). Le projet de généralisation du préscolaire dont la première phase d’émergence devait commencer en janvier 2018 est donc mis en attente, jusqu’à ce qu’un nouveau ministre soit nommé.

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« Nous avions une réunion prévue le mardi qui suivait son départ« , se souvient-il, rappelant que le ministre par intérim, Mohamed Laaraj, ne peut pas s’engager dans des projets et gère uniquement  les affaires courantes. Par exemple, c’est le ministère de l’Éducation sous Mohamed Laaraj, aussi à la tête du ministère de la Culture et de la communication, qui a appelé à « une mobilisation sociétale globale » pour lutter contre toutes formes de violence, suite à l’agression d’une professeure de lycée.

« Compliqué à partir de janvier »

Au sein du département des curricula et des programmes scolaires au ministère de l’Éducation nationale, son directeur Fouad Chafiki explique que ses équipes continuent à travailler sur tous les dossiers, dont la rénovation des programmes. « Nous sommes dans les temps dans l’état d’avancement« , assure-t-il. « Mais cela va être compliqué à partir de janvier s’il n’y a pas de ministres car nous aurons besoin de faire des appels d’offre, notamment pour revoir les manuels actuels« , s’inquiète tout de même Fouad Chafiki qui précise qu’ils attendent le nouveau ministre pour prendre une décision politique.

Au sein du ministère, une source nous assure que « les équipes continuent de travailler, les opérations sont en cours, comme la préparation du concours d’entrée pour le recrutement des enseignants« . Elles se préparent techniquement sur les dossiers afin qu’ils soient prêts lors de l’arrivée du nouveau ministre, dont la signature est essentielle pour certains dossiers.

Des réformes dont il est difficile d’obtenir l’état d’avancement alors qu’elles ne sont pas achevées. Mohamed Hassad avait fait une série de promesses, dont le recrutement de 24 000 enseignants, la généralisation de la préscolarisation d’ici 2027, la rénovation de 1848 classes sur l’année 2017-2018, 305 nouveaux établissements d’ici 2019, la révision des manuels scolaires pour la rentrée 2018, l’apprentissage de mathématiques et d’anglais en 2018-2019.

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« Nous ne sommes pas au courant de l’avancement des dossiers car nous n’avons pas fait de réunion depuis le 25 juillet« , explique Abderrazzak Drissi, secrétaire général de la Fédération national de l’enseignement (FNE). En sept mois de fonction de Hassad, le syndicaliste a rencontré l’ancien ministre trois fois. Une quatrième réunion était prévue le 30 octobre, juste après son limogeage. « Nous devions notamment parler des problèmes des catégories professionnelles de l’enseignement« , souligne-t-il. Depuis, il explique ne pas avoir eu de contact avec le ministre Laaraj ni avec le secrétaire général. « Nous avons seulement eu une réunion avec le directeur de ressources humaines du ministère qui travaille sur le recrutement des contractuels. Sujet sur lequel nous sommes en désaccord« , précise-t-il. Des discussions politiques qui ne peuvent aboutir tant qu’aucun nouveau ministre n’est nommé.

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