Bourse: les valeurs stars de l’année 2017

Si le marché boursier n’a réalisé qu’un petit 7% de croissance sur l’année, certaines actions ont doublé, voire triplé de valeur. Florilège des bonnes affaires de la cote.

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La Bourse de Casablanca. Crédit: Yassine Toumi / TelQuel

Cet article est paru dans le Telquel n°790 du 8 au 14 décembre 2017

A en juger par la performance de l’indice général de la Bourse, 2017 est une année des plus ordinaires. Avec une performance de 7%, la Bourse rompt avec les gains mirobolants et injustifiés de l’année 2016 et retrouve son calme. Elle colle surtout aux fondamentaux de ses sociétés cotées dont les bénéfices ont augmenté de 8% sur le premier semestre de l’année. Mais ceci n’est que la partie visible de l’iceberg. Car si la quasi-majorité des valeurs de la cote a eu un comportement normal, d’autres titres comme la SNEP, Alliances ou encore HPS ont carrément explosé tous les records. Pour le plus grand bonheur de ceux qui ont flairé le bon coup et y ont misé leurs billes avant tout le monde.

SNEP triple sa capitalisation

En difficulté depuis plusieurs années, la filiale pétrochimie du groupe Chaabi retrouve des couleurs et réalise une des plus belles performances de l’année : +244% à 563 dirhams (au 4 décembre). Du jamais vu depuis son introduction en Bourse en 2008. Si quelqu’un avait misé 1 million de dirhams sur la SNEP dé- but janvier, il aurait récupéré aujourd’hui son capital plus 2,4 millions de dirhams de gains. Il faut remonter au mois de novembre 2016 pour comprendre pourquoi les choses ont changé pour cette valeur, qui n’avait auparavant aucun intérêt pour les investisseurs en quête de performance. A cette date, le gouvernement avait mis en place des droits antidumping sur le PVC à l’égard de l’UE et du Mexique, et ce pour une période de 5 ans. “Compte tenu que la SNEP est l’unique producteur de PVC au Maroc, il est évident que celle-ci profiterait pleinement de cette nouvelle donne sectorielle”, expliquent les analystes d’Attijari Intermédiation. L’impact n’a pas tardé à se faire sentir, la société ayant engrangé des bénéfices de 56,6 millions de dirhams sur les six premiers mois de 2017, soit une progression de 408% par rapport au premier semestre de l’année dernière. Une tendance qui se poursuivra sur le reste de l’année et pour les années suivantes, puisque la SNEP a déjà entamé un projet d’augmentation de sa capacité de production de 90 000 tonnes. Autres signaux rassurants, comme le soulèvent les analystes d’Attijari Intermédiation, la distribution de dividendes pour la première fois depuis cinq ans et le franchissement par l’entreprise en janvier 2017 du seuil des 5% de son propre capital. Des éléments qui attestent selon eux de “la confiance du management en la poursuite du processus de redressement de l’activité de la société”.

Le rattrapage Alliances

Dans le registre des croissances à trois chiffres, l’autre titre qui a focalisé l’attention cette année est l’immobilière Alliances. Après la descente aux enfers de 2015 et 2016, l’action a démarré cette année sur une tendance positive. Une tendance qui s’est poursuivie tout le long de l’année. A ce jour, le titre Alliances a pris 169% et se traite autour de 249 dirhams. “La société a renoué avec la croissance et les bénéfices. Comme on peut le lire sur sa publication des résultats semestriels, elle a réduit considérablement ses charges, notamment salariales, et épuré ses dettes”t, explique Mohamed Mariane, directeur à Marogest. Des craintes persistaient pourtant en début d’année concernant la stabilité de l’entreprise en raison des difficultés que connaît le secteur de l’immobilier, mais aussi du fait qu’Alliances n’avait pas honoré certaines de ses créances arrivées à échéance. “C’était la grande panique. Heureusement, la société a confirmé la tendance de hausse entamée en 2016. Certes, à 52 millions de dirhams, son résultat net semestriel reste symbolique, mais elle poursuit son redressement”, souligne notre expert. Le promoteur immobilier a d’ailleurs annoncé terminer l’année avec un résultat net part du groupe de 151 millions de dirhams, lequel devrait évoluer à 500 millions en 2018.

Merci Morgan Stanley !

Autre valeur star de l’année : HPS. Le cours du spécialiste des moyens de paiement a franchi la barre des 1600 dirhams pour une performance de 109% depuis le début de l’année. “HPS est une société qui consacre une grande partie de ses revenus à la composante Recherche & Développement. L’entreprise est pionnière dans le monde dans ce qu’elle fait et son savoir-faire intéresse les investisseurs. Depuis le début de l’année, un acheteur étranger très important a réalisé de nombreuses opérations d’achat sur la valeur, et c’est en partie grâce à lui que l’action a observé cette ascension”, explique Mohamed Mariane. Cet investisseur étranger qui a boosté la cote de HPS n’est autre que le géant de la finance mondiale Morgan Stanley & Co International, qui a déclaré, en avril dernier, avoir franchi à la hausse le seuil des 5% du capital de la société marocaine, tout en affirmant vouloir poursuivre ses achats dans les douze mois qui suivent. Une opération qui, semble-t-il, a créé un effet moutonnier sur le titre, le poussant à des sommets jamais atteints auparavant. Une progression qui est également soutenue par les fondamentaux de l’entreprise, qui a inscrit son résultat net en progression de 14,6% sur les six premiers mois de l’année. “C’est encore une petite boîte qui pourrait s’agrandir entre les mains de nouveaux actionnaires internationaux. Elle a encore un grand potentiel de croissance”, affirme notre expert.

Le sprint final de Jet Contractors

Démarrant l’année sur une évolution stable, l’action Jet Contractors tutoie les sommets en cette fin d’année en figurant depuis quelques semaines à la tête des plus fortes performances journalières. Elle cumule à la date d’aujourd’hui des gains de plus de 98%. Une prouesse qui s’explique par ses résultats semestriels : son résultat net à fin juin a plus que doublé (+133%) pour un chiffre d’affaires qui progresse de 44%. Le tout avec un carnet de commandes bien garni, qui totalise près de 2 milliards de dirhams, dont 280 millions à réaliser en Afrique subsaharienne. Mais ceci n’explique pas tout, selon plusieurs analystes du marché. Selon eux, c’est l’annonce en octobre dernier de l’entrée du patron de l’entreprise, Adil Ratbi, dans le capital d’une des filiales du groupe Providence Holding, détenue par le prince Moulay Rachid et dédiée aux lotissements industriels qui a boosté la valeur. “Les investisseurs et boursicoteurs y ont vu un signe de proximité du patron de l’entreprise avec les hautes sphères et le gage d’un carnet de commandes encore plus étoffé pour Jet Contractors, laquelle a multiplié ces dernières années les projets marqués du sceau royal : siège d’Attijariwafa bank, Marjane Tachfine, Marjane Marina, l’Académie de football Mohammed VI…”, nous explique un analyste qui a souhaité garder l’anonymat.

Sonasid propulsée par les analystes

Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, la croissance effrénée que connaît Sonasid depuis août dernier a été à l’origine déclenchée par une note d’analyse, dédiée à l’action, publiée par les équipes d’Attijari Intermédiation le même mois. Cette note faisait état d’un redressement du secteur de la sidérurgie à l’échelle nationale et internationale après plusieurs années difficiles, et d’une reprise des marges des sidérurgistes, devant se traduire par une amélioration des revenus et de la profitabilité de Sonasid au titre de l’année 2017. “Les anticipations des analystes d’Attijari Intermédiation, qui ont provoqué un regain d’intérêt pour la valeur, ont peu de temps après été confirmées suite à la publication des résultats financiers du premier semestre 2017, en rupture avec les années précédentes. Grâce à l’effet de rattrapage sur les marges et sa politique de désendettement, Sonasid a multiplié par 4 ses bénéfices semestriels”, explique un analyste qui suit de près le secteur. Cette annonce a visiblement renforcé l’intérêt des investisseurs pour l’action, puisqu’elle a réussi à doubler sa capitalisation avec une performance annuelle de 94%.

Le MASI insensible aux mid cap

Avoir toutes ces performances qui sortent de l’ordinaire, on pourrait croire qu’elles ont eu un impact positif sur l’évolution du Masi, l’indice général de la place. Il n’en est rien, car ce dernier n’a progressé que de 7% depuis le début de l’année. “Ces mid cap (moyennes capitalisations, ndlr) qui ont réalisé des performances à trois chiffres ne pèsent même pas 5% de la capitalisation boursière. Leur faible poids fait qu’elles n’ont pas d’influence sur la tendance globale du marché”, explique le directeur d’une société de Bourse. Et d’ajouter : “Les grosses capitalisations qui ont un impact significatif, telles que Maroc Telecom et les banques, ont observé des évolutions stables. Quant aux cimentiers, ils ont pâti de la méforme qu’a connue le secteur des BTP et du ralentissement de l’immobilier. Seule Ciments du Maroc s’est distinguée cette année en faisant une croissance de 30%”.  De ce fait, le marché est resté sur une tendance stable. Depuis quelques semaines, il fait même du surplace. “Cela fait un mois et demi qu’une évolution en dents de scie avec une trajectoire quasi horizontale caractérise le marché”, souligne
notre expert. Pourtant, plusieurs indicateurs portent à l’optimisme. On cite la publication du rapport Doing Business 2018 par la Banque Mondiale qui hisse le Maroc en première position en Afrique du Nord, mais aussi la reconduction des notes souveraines du royaume à BBB- avec perspectives stables par les agences Fitch Ratings et Standard&Poor’s. “Ce type d’indicateurs n’a
visiblement pas d’impact sur le marché. Les investisseurs s’intéressent uniquement et séparément aux fondamentaux des entreprises”, confie notre source.[/encadre]

Salima Marzak

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