La radio gabonaise Africa N°1 en passe d'être rachetée par Al Jazeera

Le Qatar pourrait s'imposer en Afrique via le rachat par Al Jazeera d'Africa N°1, radio gabonaise en plein déclin.

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Crédit : Facebook/Africa N°1

Al Jazeera est sur les starting-blocks au Gabon. Alors que l’Arabie saoudite et ses alliés demandent au Qatar de fermer sa chaîne de télévision à rayonnement internationale, l’émirat qatari est en pleines négociations « depuis plus d’une semaine » pour reprendre la radio panafricaine gabonaise Africa N°1. « Le dossier est en cours, tout n’est pas encore ficelé comme la répartition des parts ou les termes des contrats« , nous révèle Timothée Memey, journaliste dans la radio depuis plus de 20 ans. « Un dossier a été déposé par Al Jazeera au ministère de la communication« , nous confirme Al Bachir Aboubakar, directeur général d’Africa N°1. « Les actionnaires – les Libyens (52%), l’Etat gabonais (35%) et les sociétés privés – nous allons nous réunir pour discuter du prix, nous sommes prêts à négocier« , assure-t-il.

Alors que le Gabon a soutenu l’Arabie saoudite dans la crise du Golfe, ces négociations auraient été possibles grâce à l’intervention de Mohammed VI, pour faire entrer Africa n°1 dans le giron d’Al Jazeera, selon le site afrik.com. Pour l’instant, aucune source officielle n’a confirmé cette information. « Ce ne serait pas étonnant », estime pourtant Antoine Glaser, spécialiste français de l’Afrique. « Alors que Mohammed VI est très proche d’Ali Bongo, c’est une stratégie du roi vis-à-vis du rôle d’influence dans l’Afrique sub-saharienne avec le retour dans l’Union africaine« , analyse le spécialiste qui rappelle que le roi se rend souvent au Gabon où il a une villa. Dans la crise du Golfe, Mohammed VI s’est aussi placé comme modérateur entre le Qatar et l’Arabie saoudite.

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Softpower

Africa N°1 pourrait ainsi devenir un outil de softpower pour le Qatar qui étend son influence sur le continent africain. « Le Gabon est une porte d’entrée vers l’Afrique pour le Qatar alors qu’Ali Bongo est l’un des rares chef d’Etat d’Afrique centrale qui s’est converti à l’islam. Il était même présent en Arabie saoudite au moment de la visite de Donald Trump« , analyse Antoine Glaser. « La force d’Africa N°1, c’est aussi d’avoir l’antenne de Moyabi, à 600 kilomètres au sud de Libreville, qui est aussi utilisée par Radio France Internationale pour émettre sur le continent. Une antenne qui peut être stratégique pour Al Jazeera« , rappelle-t-il.

Sauve qui peut

Le rachat d’Africa n°1, radio en plein déclin, par Al Jazeera est une opportunité de reprendre du panache pour la radio panafricaine qui a connu ses heures de gloire entre 1981 et les années 2000. « La nouvelle a été bien accueillie car la radio est dans une situation trouble« , explique Timothée Memey, qui fait partie des dix journalistes restant sur la vingtaine qui exerçait dans la rédaction sans compter les correspondants et l’administration. « L’arrivée d’Al Jazeera est comme un ‘ouf’ de soulagement« , ajoute le journaliste pour qui le seul objectif est la survie du média.

La radio panafricaine créée par le président Omar Bongo était tombée sous le giron de la Libye en 2008. « Les rêves d’Afrique portés par la vision de Khadafi se sont écroulés après la chute de l’Etat libyen. Africa N°1 s’est retrouvé dans de sales drapes et a seulement géré les affaires courantes« , témoigne le journaliste de 55 ans. Les salaires ont même été gelés pendant plusieurs mois, ainsi que l’antenne et des grèves ont secoué la rédaction à plusieurs reprises jusqu’en 2016. A son apogée, la radio rayonnait pourtant dans une « vingtaine de capitales », explique Timothée Memey. « Désormais, la courbe des audiences a chuté et la radio a arrêté d’émettre dans certaines grandes capitales comme Dakar, Abidjan ou Kinshasa« , ajoute-t-il. L’ambition d’Al Jazeera pourrait être de retrouver ce rayonnement régional et de reconquérir des marchés, ce qui demandera le recrutement de nouveaux journalistes.

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