Abdoulaye Bathily est un homme en mission. A près de 70 ans, l’ancien ministre de l’Environnement sénégalais veut « contribuer à l’unité du continent africain » après avoir participé à la résolution de conflits au Mali, en Centrafrique ainsi qu’au Burundi. Après une candidature malheureuse à la présidence de la Commission de l’UA, une « page tournée », le Sénégalais veut consacrer l’essentiel de son activité à unir le continent comme en témoigne ses cartes de visite où figure un message qui ferait presque office de slogan : « Bathily for Africa (Bathily pour l’Afrique, ndlr) ». Nous évoquons avec ce panafricain convaincu, les crises politiques que connait le continent, la libération de l’Afrique ainsi que les changements permettant le développement du continent.
C’est la deuxième fois que l’on vous voit au Maroc en l’espace de six mois. Vous étiez présent à Marrakech durant la COP 22 au mois de novembre et vous voici à la Governance Week de la Fondation Mo Ibrahim. Qu’est ce qui vous attire au Maroc ?
La COP 22 était un événement mondial durant lequel le destin du monde se jouait. En tant qu’ancien ministre de l’Environnement sénégalais, j’ai occupé cette fonction entre 1993 et 1998, ayant participé à l’élaboration de toutes les grandes conventions de l’environnement. En ce qui concerne la Fondation Mo Ibrahim, j’ai suivi leur travaux pendant des années. Il ne faut pas oublier également que Marrakech est une ville agréable.
Durant votre carrière onusienne vous avez été engagé dans la résolution de nombreux conflits à l’échelle africaine. Pensez-vous que le continent peut sortir de la spirale de crise politique qu’il connait depuis des années?
A mon avis, il faut que les dirigeants africains prennent le sens de leurs responsabilités historiques. Ces crises nous les provoquons nous-mêmes. C’est à nous Africains de les résoudre. On ne peut pas s’en remettre aux autres pour les résoudre à notre place. Nous devons assumer nos responsabilités car nous en avons les capacités.
Dans une interview accordée à un confrère vous déclariez que vous militiez pour la « libération du continent ». Vous estimez que l’Afrique n’est pas libre ?
L’Afrique n’est pas libérée. Nous avons nos drapeaux et nos hymnes nationaux mais la libération ne se limite pas à ça. La libération c’est le développement économique, c’est le développement culturel, c’est la démocratie. Les Africains veulent vivre mieux. La libération c’est le fait d’être indépendant de l’extérieur.
Comment se libérer alors ?
L’Afrique doit être unie et sans frontières. Il faut que les investisseurs puissent entreprendre sur toute l’étendue du continent. Il faut que des ingénieurs africains puissent construire les ponts et les barrages en Afrique. Les laboratoires africains doivent apporter des solutions scientifiques aux problèmes de l’Afrique d’aujourd’hui. C’est l’Afrique dont je rêve.
Pensez vous que les acteurs de ce changement sont déjà actifs ou faudra-t-il les former ?
Ils existent mais ils ne sont pas rassemblés, ni en synergie. Pour ce faire, Il doit y avoir une véritable volonté politique de nos dirigeants qui doivent cesser de se quereller sur des questions qui ne sont pas fondamentales. Mais il ne faut pas oublier les jeunes. C’est 70% de la population africaine, ils doivent être au cœur des politiques mises en place pour l’avenir.
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