Selon notre confrère Yabiladi, une membre de l’ALCS a été arrêtée par la police le 18 février alors qu’elle était en train de distribuer des préservatifs à des prostituées à Marrakech. La directrice de la section locale de l’association a expliqué au média que ce n’était pas la première fois qu’un tel scénario se produisait. Contacté par Telquel.ma, Ahmed Douraidi, responsable du plaidoyer à l’ALCS, nous confirme que les membres de l’association sont confrontés de manière récurrente à ces épisodes, en citant des cas récents survenus « à Agadir et Guelmim« .
La jeune femme, arrêtée dans la soirée du 18 février, explique à nos confrères qu’un policier en civil l’a arrêtée pour « incitation à la débauche » alors qu’elle se trouvait en compagnie de deux jeunes femmes à qui elle distribuait des préservatifs dans le cadre d’une opération de sensibilisation et de prévention des risques. Toujours selon Yabiladi, elle a ensuite été emmenée au commissariat malgré l’ordre de mission visé par l’ALCS présenté au policier avant d’être relâchée.
Ahmed Douraidi nous confirme que la militante n’est pas poursuivie, mais il dénonce « une violation des droits humains« . « La police agit toujours de la sorte. Il y a une schizophrénie marocaine sur le sujet« , s’insurge-t-il, précisant que « l’ALCS travaille en collaboration avec le ministère de la Santé dans le cadre du plan stratégique contre le Sida. C’est le ministère qui nous fournit les préservatifs que nous distribuons« . Des interventions policières d’autant plus surprenantes que « la DGSN fait partie du comité de pilotage, ainsi que du comité intersectoriel de suivi du plan« , explique Douraidi. C’est d’ailleurs dans le cadre de ce plan que les standards adoptés par l’ALCS sont mis en œuvre, notamment la « distribution de 20 préservatifs par travailleuse du sexe à chaque intervention« .
Le responsable de l’ALCS nous affirme que ce problème a été « porté à la connaissance des services centraux de la DGSN et du ministère de la Justice » qui ont « promis des circulaires, mais rien n’a été fait« . Une situation qu’il déplore, d’autant plus que « la DGSN fait preuve de bonne volonté dans le cadre de notre plaidoyer, mais il y a un manque de communication entre les services centraux et le terrain, avec des agents qui entravent notre action« , explique-t-il.
L’ALCS dénonce des entraves à son action qui « coûtent du temps, de l’énergie, et de l’argent« . Convaincu que « sans la promotion des droits humains, sans combattre la stigmatisation et la discrimination qui visent les populations à risque, la situation ne changera pas« , Ahmed Douraidi explique que l’association va continuer son plaidoyer. Il explique qu’au-delà des actions ponctuelles et ciblées, l’ALCS se bat « pour des lois progressistes et alternatives, et notamment l’abrogation des articles 489 et 490 du Code pénal« , qui criminalisent les relations homosexuelles et les relations sexuelles hors-mariage.
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