« Il y a au moins 120 vies détruites et ce n’est pas un bilan définitif », a déclaré en début de soirée devant la presse le chef du gouvernement italien Matteo Renzi. Ce séisme, de magnitude 6.0 qui a partiellement détruit au moins trois villages dans une région montagneuse au nord-est de Rome, a également fait quelque 368 blessés, a précisé M. Renzi, peu après s’être rendu à Amatrice, l’un des villages les plus touchés, où il a rencontré les secouristes.
Des dizaines d’entre eux, volontaires, pompiers et membres de la protection civile, se préparaient à une longue nuit de fouilles, dans l’espoir de retrouver des survivants. La protection civile italienne se refusait dans la soirée à avancer des chiffres concernant les disparus, mais beaucoup d’habitants et de touristes manquaient encore à l’appel, selon plusieurs témoignages. La police italienne a également fait savoir qu’elle avait mis en place un dispositif pour éviter les « chacals », nom donné en Italie aux pilleurs de maisons vidées de leurs habitants après des catastrophes naturelles ou des évacuations forcées.
Des camps de tentes ont été installés à proximité de ces villages pour accueillir quelque 2.500 personnes, désormais sans toit. Les images parvenues des villages sinistrés ont révélé l’ampleur des destructions. Des immeubles ne sont plus que ruines, des gens hagards se regroupent dans les rues ou les places en ruines. Une photo publiée sur les réseaux sociaux montre des habitants fuyant leur maison, à moitié détruite, suspendus à des draps.
Dans l’une des communes les plus touchées, Arquata del Tronto, le quartier de Pescara, semble rayée de la carte, selon ces images. « Ma soeur et son mari sont sous les décombres, nous attendons les secouristes mais ils n’arrivent pas jusqu’à eux », a confié mercredi à l’AFP Guido Bordo, 69 ans, qui a trouvé refuge près d’Accumoli, épicentre de ce séisme dans la province du Latium, à quelque 150 km de Rome. « Ils ne donnent aucun signe de vie, on n’entend que leurs chats », a-t-il ajouté, prostré sur un banc, aux côtés de son frère. Une famille entière, deux adultes et deux enfants, ont été retrouvés morts dans ce village.
Ce tremblement de terre de magnitude 6.2, selon l’Institut américain de géologie (USGS), mais de 6.0 selon son équivalent italien, a secoué le centre de la péninsule mercredi à 03H36 (01H36 GMT). Il s’agit du plus important séisme en Italie depuis le 20 mai 2012 où un tremblement de terre de magnitude 6.0 avait fait 25 morts entre Modène et Ferrare (nord).
A Amatrice, dans la région du Latium, à proximité de l’épicentre du séisme, des scènes de destruction totale ont été racontées par les habitants de ce village pittoresque et très touristique. Amatrice, où sont nés les « spaghetti all’amatriciana », s’apprêtait à célébrer ce weekend la 50e édition d’un festival dédié à cette recette. « Le village a disparu. C’est une tragédie », a affirmé son maire Sergio Pirozzi. Le pape François a repris mercredi ses mots pour exprimer combien il était « bouleversé », interrompant l’audience générale qu’il donne chaque mercredi au Vatican.
Parmi les victimes figure aussi une petite fille de neuf mois, retrouvée morte au milieu des décombres à Arquata del Tronto. Ses parents ont été extraits vivants et ont été hospitalisés. En revanche deux frères de quatre à sept ans ont été retrouvés vivants, grâce à leur grand-mère: ils s’étaient tous trois réfugiés sous un lit. Au moins 200 répliques, dont la plus forte d’une magnitude de 5,3, ont suivi ce séisme, ressenti jusqu’à Rome où nombre de palais ont tremblé.
Le 6 avril 2009, un séisme de magnitude 6,3 avait fait plus de 300 morts, non loin du séisme de mercredi mais. Son épicentre se situait près de L’Aquila, chef-lieu de la région du même nom. Plusieurs dirigeants dans le monde ont fait part de leur tristesse et de leur solidarité à l’égard de l’Italie, du président russe Vladimir Poutine au secrétaire d’Etat américain John Kerry en passant par le président français François Hollande.
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