Après le putsch avorté la nuit du 15 au 16 juillet en Turquie, le président turc Recep Tayyip Erdoğan a entrepris d’une main de fer une purge générale au niveau de l’armée et de l’administration. Objectif : épurer l’État du « virus » Gülen, mouvement accusé par le pouvoir d’avoir fomenté le coup d’État, mais qui clame, pour sa part, son innocence. Plus de 18 000 personnes ont été placées en garde à vue au cours des deux dernières semaines. Environ 10 000 d’entre elles font maintenant l’objet de poursuites et ont été placées en détention préventive, dont des journalistes et plus de 50 000 personnes ont été limogées, rapporte l’AFP.
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Ces « dérives autoritaires », contrairement à l’échec du putsch, ont été peu commentées par le PJD, parti qui partage le référentiel islamiste (mais aussi l’intitulé) du parti au pouvoir en Turquie. Le gouvernement conduit par le PJD avait, pour sa part, exprimé sa préoccupation. Saâd Eddine El Otmani ancien ministre des Affaires étrangères, Aziz Rabbah ministre de l’Equipement et du transport ou encore Najib Boulif, ministre délégué auprès du chef du gouvernement chargé des affaires générales et de la Gouvernance s’étaient empressés de saluer « la victoire de la démocratie turque » au lendemain du putsch raté, mais n’ont pas fait de sortie désapprouvant la purge.
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« Je ne comprends pas cette hypocrisie internationale voulant présenter des fleurs aux putschistes. Je pense que l’État turc était clair dans ses énoncés face au coup d’État avorté », nous déclare Lahbib Choubani, président de la région Souss Massa Daraa. Et de poursuivre: « C’est un acte grave qui doit être géré de manière stricte mais dans le cadre de la loi qui garantit des procès équitables. Au final, c’est un putsch est non pas une explosion mineure au détour d’une rue. J’imagine mal la Turquie menacer en ce moment sa démocratie car ce n’est pas dans son intérêt ».
Si le PJD semble s’aligner sur les dispositions prises par le pouvoir en Turquie, le parti a longtemps entretenu des relations « privilégiées » avec la bête noire du président turc Recep Tayyip Erdoğan. « Le PJD a pris ses distances avec le mouvement Gülen en 2013 suite à la rupture entre l’AKP et Hizmet. C’est un geste opportuniste car ils ont choisi la politique plutôt que l’éducation et la culture incarnée par la mouvance de Fethullah Gülen » nous explique le politologue Driss Ganbouri. « Ils se sont retrouvés dans la vision et les théories développées par ce mouvement et avaient même diffusé les livres de Gülen au Maroc » ajoute-t-il.
David Shinn, ancien ambassadeur américain au Burkina Faso et en Ethiopie et auteur de « Hizmet in Africa » va dans le même sens. « Hizmet entretenait des relations avec les islamistes modérés au Maroc, ils sont attachés à leurs universités et des mosquées ». Driss Bouanou, spécialiste des mouvements islamistes en Turquie (mais aussi membre du PJD) mesure les relations entre le PJD et le mouvement Gülen. « On ne peut pas vraiment parler de relation entre institutions mais plutôt de rapports entre personnes ». Il précise que plusieurs cadre du PJD ont envoyé leurs enfants dans des universités affiliées à Hizmet.
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