Des centaines de généraux et de magistrats ont été arrêtés à travers la Turquie pour leur soutien présumé à la tentative de putsch du 15 juillet, nous apprend l’AFP. Une situation qui suscite de nombreuses et fermes mises en garde de l’étranger.
Le gouvernement avait annoncé, dès le 16 juillet, l’arrestation de près de 3 000 soldats pour leur rôle présumé dans la tentative de renversement du président Erdoğan. Aussitôt lancée, cette purge avait déjà suscité des réactions des grands dirigeants, à commencer par Barack Obama qui estimait que la Turquie avait un « besoin vital » que toutes les parties concernées « agissent dans le cadre de l’État de droit ».
Un discours rejoint par le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault qui, dans une interview donnée à BFM TV, estime que le coup d’ État raté en Turquie « n’est pas un chèque en blanc au président Erdoğan pour faire des purges ».
Vladimir Poutine, de son côté, a souhaité « un retour rapide à l’ordre constitutionnel et à la stabilité » en Turquie, selon un communiqué du Kremlin, relayé par l’AFP demandant à Ankara d’assurer la sécurité de ses touristes qui commencent à y retourner après la récente normalisation des relations bilatérales.
C’est en Allemagne qu’on affiche plus d’inquiétudes. Le 16 juillet, dans une déclaration à la télévision allemande, Angela Merkel appelle Erdogan à traiter les putschistes en respectant « l’Etat de droit », quand le président de la commission parlementaire des affaires étrangères au Bundestag, Norbert Röttgen, estime lui qu’« Erdoğan va utiliser le putsch pour étendre et renforcer son pouvoir au sein de l’ État », dans un entretien au journal Die Welt.
Deux jours seulement après la tentative de putsch avortée, le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdoğan assistait aux obsèques d’une des victimes proches de ce putsch, qu’il qualifiera lui-même de « martyr », au sein de la mosquée Fatih. À cette occasion, ce dernier a promis de mettre un terme au « virus de toutes les institutions étatiques. » « Hélas ce virus, comme un cancer, s’est propagé à tout l’État », a-t-il indiqué, selon l’AFP. Ce dernier, répondant à la foule de sympathisants venus afficher leur soutien au président a notamment évoqué le rétablissement de la peine de mort, rapporte la même source : « En tant que gouvernement et en tant qu’État, nous connaissons et entendons cette demande qui est la vôtre. Nous ne pouvons pas ignorer votre demande. » Et d’ajouter « Je pense que notre gouvernement va en discuter avec l’opposition et qu’une décision sera sans aucun doute prise. » Pour le chef de l’État turc, touché directement par cette tentative de déstabilisation du pouvoir, « ceux qui mènent un coup contre l’État sont dans l’obligation d’en payer le prix ».
Dans son élan autoritaire, Erdoğan ne suscite pas que la méfiance. Il bénéficie d’un soutien populaire, (des milliers de personnes s’étaient activement déplacées dans la rue à sa demande pour stopper le coup d’État) mais également du soutien unanime de la presse turque, largement contrôlée, précisons-le, par le gouvernement.
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