La plus grosse fuite de l’histoire autour des sociétés offshore —11 000 documents de 2 600 Go— les fameux Panama papers sont accompagnés d’un silence de la classe politique marocaine. Aucun parti ne s’est pour l’heure exprimé officiellement sur l’affaire. En attendant, que pense nos politiques des révélations concernant le volet marocain ?
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Le PJD devrait étudier la question avant de se prononcer. Abdelali Hamieddine, membre du secrétariat général du PJD nous déclare, un peu gêné : «Si j’ai bien lu les titres de quelques médias à ce sujet, je n’ai pas pu lire les articles, donc je ne peux pas en parler. De plus, je fais partie d’un parti politique qui devrait étudier la question si elle le mérite avant que je puisse me prononcer.»
Egalement député PJD, Abdelaziz Aftati s’est montré bien plus disert : «C’est ce que j’appelle une vraie enquête journalistique. Tout ce que plusieurs pays étaient incapables de faire avec leurs institutions de contrôle dans le domaine de l’évasion fiscale, des journalistes ont pu le réaliser. Et ça, c’est une bonne chose, sensée faciliter la tâche aux Etats qui pourront désormais utiliser les données fuitées. Concernant le Maroc, il faut que nos institutions officielles se bougent. Je parle de la Direction des impôts, de l’Office des changes. Il faut que ces institutions procèdent au travail de vérification des documents des Panama Papers, avant que la justice ne se saisisse des dossiers», assène-t-il, avant d’ajouter, à propos du secrétaire particulier du roi cité dans les leaks : «M. Majidi n’est pas au-dessus de la loi. Il doit faire face à ses responsabilités. Au Maroc, la loi doit être au-dessus de tous, sans exception.»
Mohamed Daidaa, syndicaliste et député à la chambre des représentants, abonde dans le même sens: «Ces fuites sont une bonne chose. Comme le dit le proverbe marocain, celui qui se fait prendre la main dans le plat doit répondre de ses actes. Il faut donc que la Direction des impôts s’assure de l’authenticité des documents. Si ces documents se révèlent authentiques, il faut qu’elle (la Direction des impôts) entame les enquêtes nécessaires ».
Omar Iharchane, membre du secrétariat du cercle politique d’Al Adl wal Ihssane , estime pour sa part que «la loi marocaine en matière de fraude fiscale ne répond pas aux normes internationales. Ce n’est pas l’Office des changes qui s’opposera à une sortie de capitaux appartenant au roi. D’autre part, les Panama papers ont révélé un autre problème, qui est celui du manque d’éthique et de responsabilité politique de nos dirigeants. Les Panama papers nous rappellent qu’en 2011, la rue avait exigé la séparation entre argent et politique. »
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Dans l’attente d’une réponse coordonnée des partis…
Côté Istiqlal, si le secrétaire général du parti Hamid Chabat était injoignable, Adil Benhamza, porte-parole du parti de la balance nous explique que la formation attend également d’adopter une position commune. «Comme le parti n’a toujours pas statué sur la question, je ne peux pas en parler, car rien n’est encore officiel pour le moment. Le ministre de la Justice devrait nous donner amples informations sur cette question qui mérite d’être discutée et traitée » nous déclare-t-il. Il ajoute « par contre, j’ai écrit une chronique sur l’affaire pour le journal Al Alam. L’affaire sera sans doute discutée au sein du parti, mais il faudra du temps ». La chronique a aussi été publiée le 7 avril sur Hespress. «Ce qu’on a pu consulter sur le site officiel de Panama Papers, les révélations n’évoque pas de noms américains. En contre partie, l’attention s’est portée sur les adversaires politiques et économique de l’Amérique» écrit-il.
Du côté de PAM, Hakim Benchamass, président de la deuxième chambre du Parlement, a préféré renvoyer la balle dans le camp d’Ilyas Elomary, secrétaire général du parti du tracteur. «Je ne peux pas me prononcer là-dessus. Je suis, certes, responsable au parti mais il faut voir avec le responsable numéro 1» Contacté, Elomary explique qu’il ne peut pas se prononcer dans l’immédiat. «Comme je suis à Erbil au Kurdistan irakien, je ne suis pas au courant de ce qui se passe au Maroc, rappelez-moi dès mon retour au pays et je vous dirai mon avis», nous dit-il.
Rachid Rokbane, président du groupe du Progrès démocratique à la chambre des représentants (PPS) est nettement plus catégorique : «Je ne suis pas au courant de cette histoire, je ne peux pas me prononcer là-dessus.» Ouadie Benabdellah, chef du groupe RNI à la chambre des représentants, a déclaré aussi ne pas pouvoir se prononcer sur la question.
Omar Balefrej, membre de la Fédération de la gauche démocratique, se pose des questions : «Je suis vraiment étonné de voir que des biens aient été achetés à partir d’un paradis fiscal qu’est le Panama. Je trouve que c’est mauvais pour la réputation du pays.» Contacté par Telquel.ma, Mohamed Sajid, député de l’Union Constitutionnel et Driss Lachgar, secrétaire général de l’USFP, sont restés, pour leur part, injoignables pour le moment.
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