Espagne : la percée historique de Podemos

La droite a remporté les élections devant les socialistes, mais a perdu sa majorité absolue. Aucun parti ne pourra gouverner seul.

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Julio Iglesias, leader de Podemos - Crédits AFP

Les Espagnols ont infligé dimanche un sévère avertissement aux formations traditionnelles, le Parti populaire (droite) arrivant en tête des élections législatives mais perdant sa majorité absolue et les socialistes deuxièmes, talonnés par Podemos, laissant un Parlement morcelé et un pays difficile à gouverner.

Les conservateurs du Parti populaire (PP), au pouvoir depuis 2011, ont remporté 123 sièges sur 350 au Parlement, soit 65 sièges de moins qu’en 2011 et loin de la majorité absolue qui leur permettrait d’être investis sans soucis.

Même avec le soutien des 40 députés de la nouvelle formation libérale Ciudadanos, qui a annoncé à maintes reprises qu’elle refuserait l’investiture au chef du gouvernement sortant, Mariano Rajoy, ils auraient des difficultés à former un gouvernement.

Grande déception pour les socialistes

Le Parti socialiste (PSOE) arrive deuxième, avec 90 sièges, le pire résultat de son histoire. Son hégémonie est menacée par l’autre nouvelle formation : Podemos, de gauche radicale. Le parti de Pablo Iglesias, né en janvier 2014, émerge comme troisième force politique, et obtient avec ses alliés plus de 20,6 % des voix et 69 sièges.

Il avait même été donné en deuxième position par un sondage réalisé à la sortie des urnes. «  C’est une victoire du PP, mais il pourrait se produire quelque chose d’insolite en Espagne, que le vainqueur finisse par ne pas gouverner  », a expliqué à l’AFP le professeur de sciences politiques Jordi Matas, de l’université de Barcelone.

«  Une nouvelle Espagne est née qui met fin au système de l’alternance  » entre le PP et le PSOE, a lancé Pablo Iglesias, en exigeant une réforme constitutionnelle pour garantir les droits au logement, à la santé et à l’éducation.

Après plus de 30 ans de bipartisme, depuis 1982, Podemos, formation issue du mouvement des « Indignés », a pris des voix aux socialistes tandis que Ciudadanos a semblé en prendre à la droite classique, mais sans doute aussi au PSOE.

Une année de bouleversements

Podemos et Ciudadanos ont émergé à la faveur d’une crise sans précédent, qui a secoué non seulement l’économie mais aussi les institutions, ternies par la corruption touchant l’ensemble de l’establishment : partis traditionnels, grandes entreprises, syndicats, et même une fille de l’ancien roi Juan Carlos.

Ce scrutin clôture une année de bouleversements électoraux en Europe du Sud, avec la victoire de la gauche radicale d’Alexis Tsipras en Grèce en janvier, et au Portugal l’arrivée au pouvoir en octobre d’une coalition de partis de gauche, la grande crainte de Mariano Rajoy.

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