Le Camerounais à la tête de la CAF campe sur ses positions vis à vis du Fifagate. Lorsque le journaliste de Jeune Afrique lui demande son avis sur la corruption qui « gangrène » la Fifa, il ne montre pas un avis tranché : « c’est ce qui se dit. Si je soutiens le contraire, vous ne me croirez pas. Mais je ne pense pas ». En revanche il est catégorique sur le l’absence de fraude concernant sa propre confédération : jamais la CAF n’a été impliquée dans quelconque achat de voix ou versement de pots-de-vin auprès des comités d’organisations des mondiaux.
Il a par exemple réagit aux accusations de Phaedra Almajid, ancienne responsable de la communication de Qatar 2022, vis à vis d’une réunion dans une chambre d’hôtel angolaise en janvier 2010. « Je n’ai jamais vu cette femme de ma vie! Elle prétend que nous avons rencontré les gens du Qatar dans un hôtel en Angola. Où ? Quand ? Elle l’a dit une première fois, puis elle a admis qu’elle avait menti. Un an plus tard, elle renouvelle ses accusations. Elle raconte n’importe quoi! On lui demande de fournir des preuves. Elle n’en a pas apporté » s’insurge M.Hayatou. Il reconnaît néanmoins le versement « d’1,8 million de dollars (…) versés en deux fois 900 000 dollars. Les Qataris nous les ont donnés pour pouvoir exposer leur projet (de candidature à la Coupe du monde 2022) lors du congrès ». Mais rien d’illégal selon lui.
« Deux voix à l’Afrique du Sud, deux voix au Maroc »
Mais les principales accusations concernant la CAF sont au sujet du vote litigieux pour l’attribution du Mondial 2010, que se disputaient le Maroc et l’Afrique du sud. Un vote que le Sunday Times jugeait truqué. « Truqué par qui ? Tout ce que je peux vous dire, c’est que nous, les Africains, nous avons fait un tirage au sort pour ne pas donner l’impression que nous étions pour telle ou telle candidature ». Le tirage au sort a été réparti entre les différents leaders de la CAF, de façon égale selon le dirigeant : « Nous étions quatre. Nous avons décidé de donner deux voix à l’Afrique du Sud, et deux voix au Maroc. Et nous avons tiré au sort. Ismail Bhamjee et Amos Adamu ont tiré le bulletin de l’Afrique du Sud. Amadou Diakité et moi celui du Maroc ». Un procédé plus que douteux (pourquoi risquer une égalité de voix ?) et un choix final en faveur de l’Afrique du sud non justifié.
A l’instar de Saâd Kettani, il affirme n’avoir jamais été mis au courant d’un possible versement de pots-de-vin du Maroc pour l’attribution du Mondial 1998. « Comment voulez-vous que je le sache? Personne n’est venu me voir pour me le raconter. (…) Je n’ai peur de rien, car je n’ai rien fait. Ma conscience est tranquille ». Elle le restera tant qu’aucune enquête n’aura été lancée au sein de la CAF.
Une situation personnelle entre parenthèse à la tête de la CAF
Issa Hayatou a également été interrogé au cours de cette interview sur sa place de président de la CAF. Le natif de Garoua est en poste depuis 1987 et ne semble pas pressé de passer le flambeau. Ça nous rappellerait bien un autre patron du ballon rond. Il justifie la durée de ses mandats par l’imposition d’une limite d’âge en 2004 (70 ans). Une limite amendée lors du dernier congrès de la CAF « parce que la Fifa l’a fait l’an dernier, et que nous devions nous mettre en conformité avec ses textes ». Évidemment, rien à voir avec le fait qu’il soufflera 70 bougies l’an prochain.
Il conclue l’interview en s’emportant à ce sujet, affirmant que rien ne dit qu’il se représentera à la présidence. « D’ailleurs, qui vous dit que je serai candidat ? (…) Vous êtes électeur ? Vous êtes éligible ? Ça ne vous regarde pas. Je le dirai le moment venu ». Sepp Blatter, « qui a beaucoup fait pour le football en général, et notamment pour l’Afrique » semble décidément faire des émules.
Mais la CAF surement, sir Hayatou !