«Much loved»: les réseaux sociaux à l'origine de la censure?

Le ministère de la Communication confirme la censure du film Much loved au Maroc. Pour lui, les débats sur les réseaux sociaux montrent qu’il a raison.

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Mustapha El Khalfi
Mustapha El Khalfi, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement. Crédit : AFP

Mustapha El Khalfi signe et réitère. Le ministère de la Communication a publié un communiqué le mercredi 27 mai pour démentir l’information qui circulait sur Internet dans la journée, affirmant que Much loved était finalement autorisé au Maroc. L’autorité confirme sa décision de censure. Pour rappel, l’argument avancé est que « le film comporte un outrage grave aux valeurs morales et à la femme marocaine et une atteinte flagrante à l’image du Maroc ».

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Mais en filigrane de ce communiqué, on se rend compte que le ministère justifie aussi sa décision par les réactions que le film a suscitées sur les réseaux sociaux. Il salue en effet « le débat sérieux et responsable sur les réseaux sociaux, qui a révélé un très large soutien à la décision des autorités marocaines ». Lors de la diffusion des extraits sur YouTube, les « haters » se sont en effet déchaînés. Des pages appelant à la mort de Nabil Ayouch et de Loubna Abidar, l’actrice principale du film ont notamment été publiées.

Une importance donnée aux réseaux sociaux confirmée par la réponse de Mustapha El Khalfi lui-même qui en début de semaine, lors d’une interview accordée à Telquel.ma, s’est félicité du fait que son post sur Facebook annonçant la censure ait obtenu 1 000 « j’aime ».

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  • « Un débat sérieux et responsable » ? A-t-il seulement lu la majorité des commentaires sur Youtube ou Facebook ? Les gens (pro et anti Much Loved) s’insultent mutuellement, utilisant des termes encore plus bas, plus vulgaires et plus honteux que ceux dont ils se plaignent dans le film. Il n’y a aucun débat, il n’y a que des personnes qui essaient de faire la morale aux autres, sans aucun respect, ni d’un côté ni de l’autre. Je suis atterrée par tant de misère intellectuelle et tant de manque de discernement et de bon sens. Je n’ai pas encore vu le film et je suis prête à aller le voir au cinéma, je ne donnerais mon avis qu’à ma sortie de la salle. Cependant, je trouve inacceptable, qu’on ait vu le film finalisé, sa version piratée ou quelques extraits sur Internet, qu’on appelle à l’exécution de quelque personne que ce soit, que des artistes talentueux se fassent agresser au couteau dans la rue, que des menaces de mort soient proférées à l’encontre des gens qui ont travaillé sur ce projet. Ce sont ces personnes-là qui devraient être jugées. Et messieurs-dames, vous qui pensez que « Zine Li Fik » nuit à l’image du Maroc et de la femme marocaine, regardez autour de vous.. L’image du Maroc ne tient qu’à un tissu de mensonges et à des comportements schizophrènes, quant à l’image de la femme marocaine, c’est vous qui y portez atteinte tous les jours, dans la rue, au travail, au restau, en boîte. Dénigrer quotidiennement la femme marocaine dans l’espace public puis crier au blasphème et à l’atteinte à l’image de la femme parce qu’un film a osé dévoiler le triste quotidien de 4 jeunes femmes, je me demande vraiment si certains ont un goût prononcé pour les mauvaises blagues ou alors sont-ils cliniquement malades..