Les personnes âgées de moins de 19 ans constituent 36 % de la population marocaine. L’Unicef (organisme des Nations unies pour la protection de l’enfance) a publié ce 25 mai les résultats de son étude menée sur les enfants au Maroc. La dernière datait de 2007, l’organisme n’hésite donc pas parler des « progrès indéniables » réalisés. Elle s’intéresse au droit à la survie, droit au développement, droit à la protection et droit à la participation.
Ce qu’il faut changer dans la loi
L’Unicef déplore que le Code de la famille reconnaisse des inégalités entre les garçons et les filles. L’organisme critique les procédures de kafala en dénonçant l’absence de tests psychologiques pour les familles qui accueillent les enfants et le peu de suivi après le placement.
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De manière générale, l’Unicef considère que les lois protectrices des enfants prennent trop de temps à être adoptées, comme celle sur le travail des enfants par exemple. Aussi, l’organisme pointe du doigt le fait que certaines conventions internationales n’ont toujours pas été ratifiées par le Maroc.
Faut-il encore appliquer les lois existantes ?
Aussi, l’Unicef dénonce le fait que la loi n’est pas toujours appliquée. Parmi les problèmes : l’enfant n’est pas toujours entendu lors de la procédure judiciaire, et le recours trop fréquent au placement des enfants en institution. D’après l’enquête de l’Unicef, les placements sont en plus de trop longue durée parce qu’il n’y a aucun suivi des placements et donc pas de révision de la décision.
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Le problème des enfants étrangers
Dans son rapport, l’Unicef évoque à nombreuses reprises le cas des enfants migrants ou nés de parents migrants. Ces enfants ne bénéficient pas de couverture maladie. L’organisme recommande qu’ils soient couverts par le Ramed. Aussi, leur droit à la protection n’est pas assuré parce que le certificat de naissance leur est souvent refusé par l’administration.
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Trop peu de centres pour soigner les enfants handicapés
L’Unicef évoque aussi les problèmes de santé des enfants : mortalité néonatale, malnutrition, enfants en situation du handicap et manque de structures qui leur sont dédiées, enfants des rues… Au sujet de la santé, l’Unicef regrette le manque d’offre (pas assez de pédiatres et de gynécologues notamment) mais aussi la mauvaise gestion du budget du ministère de la Santé, qui ne constitue d’ailleurs que 5 % du budget total de l’État. Et de rappeler que 53 % des frais de santé sont assurés par les ménages.
Une école exclusive
En matière de droit au développement, l’Unicef estime que les défis majeurs sont le préscolaire (faute d’offre publique, 40% des enfants en bas âge n’étaient pas inscrits dans les petites classes pour l’année scolaire 2012-2013), le manque d’offre dans les zones rurales, la qualité des programmes pédagogiques et l’inclusion des enfants à besoins spécifiques. Deux enfants en situation de handicap sur trois ne vont pas à l’école. Bien sûr, le rapport évoque le problème du travail des enfants en regrettant le faible nombre d’inspecteurs du travail.
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Toujours au sujet de l’école, l’Unicef note qu’il y a une augmentation de la violence à l’école, surtout dans les grandes villes, et qu’elle constitue l’une des causes de l’abandon scolaire.
L’Unicef n’a pas manqué de noter l’iniquité entre la situation des filles et des garçons. Le rapport rappelle par exemple que 9,3 % des filles âgées de 15 à 19 ans sont mariées, contre seulement 0,4 % des garçons.
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