Facebook s’engage encore davantage dans le secteur des médias avec un accord avec plusieurs éditeurs de presse permettant de proposer directement des articles à ses membres avec les recettes publicitaires en toile de fond. Cet accord, attendu depuis quelque temps et annoncé le 13 mai, permet aux utilisateurs du réseau social de télécharger plus rapidement les articles qui les intéressent. Dans un premier temps, la fonctionnalité intitulée « Instant Articles » n’est disponible que pour l’application Facebook sur iPhone mais devrait être prochainement étendue à d’autres supports.
L’accord permet aux internautes de télécharger depuis le site Facebook les contenus média jusqu’à dix fois plus vite que les téléchargements effectués via l’internet mobile standard, et avec des fonctions interactives, affirme Facebook dans un blog. La durée moyenne de téléchargement actuelle est de huit secondes, indique le réseau social le plus important du monde avec environ 1,4 milliard d’utilisateurs.
Les neuf éditeurs partenaires sont le New York Times, National Geographic, BuzzFeed, NBC, The Atlantic, The Guardian, BBC News, Spiegel et Bild, a précisé Facebook.
Cette initiative a déclenché un débat animé entre ceux qui estiment que l’accord avec Facebook va aider les éditeurs de presse traditionnels et d’autres qui jugent, au contraire, qu’ils vont perdre le contrôle sur leurs produits. Les éditeurs pourront vendre des espaces publicitaires avec leur contenu et conserver les revenus ou participer directement à la régie publicitaire du site. Ils pourront également connaître les données sur le trafic par le biais de ComScore et d’autres outils de mesure mis à disposition par Facebook.
Facebook, déjà un géant de l’information
Selon une récente étude du Pew Research Center, près de 30% des Américains s’informent déjà en utilisant Facebook. Les éditeurs de presse traditionnels de leur côté ont de la peine à s’adapter à la révolution numérique et à en dégager des revenus publicitaires importants. « Dans l’ensemble, je ne pense pas qu’il s’agisse d’une bonne idée », estime toutefois Dan Kennedy, professeur de journalisme à la Northeastern University de Boston. « Quand les entreprises de presse donnent une grande partie de leurs contenus à une autre entreprise qui a ses propres priorités, il y a des risques », juge-t-il. Selon lui, Facebook n’est pas transparent concernant son algorithme appliqué aux contenus d’information et peut procéder unilatéralement à des changements pour promouvoir, ou au contraire éliminer, des articles.
Le critique du New York Times David Carr, décédé en février, avait indiqué que les groupes de presse ne seraient que « les serfs dans le royaume de Facebook » si la solution aujourd’hui trouvée avec « Instant Articles » voyait le jour.
Les algorithmes utilisés par Facebook pour gérer ses contenus médias sont souvent dénoncés, et accusés de créer une « bulle » où les utilisateurs ne lisent que ce qui les intéresse et rétrécissent leur champ de connaissances, en n’échangeant qu’avec leurs « amis ». Mais Facebook a publié la semaine dernière une étude affirmant au contraire que ses utilisateurs étaient exposés à beaucoup de contenu différents, même si ces conclusions ont été accueillies avec un certain scepticisme.
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L’avenir de l’information
Danny Sullivan, fondateur-éditeur du blog Search Engine Land, indique que cet accord va ouvrir la voie à Google pour faire la même chose. « J’ai peur des conséquences quand un internet indépendant sera encadré par les deux géants que sont Facebook et Google » écrit-il sur son blog.
Jeff Jarvis, professeur de journalisme à la City University de New York, estime plutôt qu’il s’agit d’un moment important dans l’économie de l’information. « C’est une bonne nouvelle pour les nouvelles », lance-t-il. « Si l’information et la technologie parviennent à trouver un terrain d’entente, nous allons pouvoir commencer à réinventer le journalisme avec de nouveaux modèles de distribution » affirme-t-il.
« Nous ne pouvons plus dans l’industrie des média faire tout tous seuls » juge-t-il sur son blog. « Nous ne sommes plus des monopoles qui contrôlent le contenu et la distribution du début à la fin. Nous devons vivre dans un écosystème où nous devons travailler avec les autres. Il faut s’y faire et trouver les opportunités », souligne Jeff Jarvis.
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