Le mausolée de Bouya Omar, où des centaines de malades mentaux sont souvent enchaînés et totalement coupés du monde extérieur, doit être remplacé par des structures modernes, réclame un rapport du ministère de la Santé publié ce mercredi 15 avril.
Plus de 700 personnes sont internées à Bouya Omar, à 50 kilomètres de Marrakech, dans des «conditions misérables», où ils subissent des «pratiques portant atteinte aux droits de l’Homme», avance l’enquête, menée pendant plus de six mois par une vingtaine de psychiatres et présentée en présence du ministre de la Santé, Houcine El Ouardi.
Malades enchaînés, pratiques d’exorcisme et mauvais traitements sont le quotidien de ce mausolée, où est enterré un marabout du XVIe siècle auquel sont prêtés des pouvoirs surnaturels de traitement des maladies mentales et d’addictions aux drogues.
Un business qui rapporte gros
Houcine El Ouardi avait proclamé dès fin 2013 son intention de fermer ce centre après qu’une ONG, l’Alliance marocaine pour la citoyenneté et les droits de l’Homme, eut attiré l’attention d’une délégation onusienne sur les conditions d’internement. Mais cette volonté, déjà affichée par le passé, s’est toujours heurtée au profond ancrage de ces croyances et au fait que «le malade mental est le moteur économique de la région», comme le souligne elle-même l’étude du ministère.
Outre le centre d’internement, le mausolée en lui-même reçoit chaque année près de 30 000 visiteurs, qui viennent se recueillir devant la tombe du marabout. Les «frais d’hébergement» des malades rapportent à eux seuls près de huit millions de dirhams, selon la même source.
A court terme, le rapport du ministère recommande la construction d’un centre médico-social moderne dans un délai de «un à deux ans» pour remplacer Bouya Omar et des «campagnes de sensibilisation» des populations.
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Sur le plus long terme, le ministère veut moderniser la prise en charge des maladies mentales, restée parent pauvre du secteur de la santé. Depuis 2012 et sa décision d’ériger la santé mentale au rang de «priorité», cinq nouveaux services de psychiatrie et cinq centres de désintoxication ont notamment vu le jour, tandis que 157 infirmiers spécialisés ont été formés en 2013, selon ce ministère.
La construction de trois nouveaux centre psychiatriques à Al Hoceima, Fès et Agadir est en cours, d’après la même source.
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