Les campagnes des partis politiques pour les élections de septembre prochain semblent être bien lancées. Les chefs de trois partis politiques de la majorité et de l’opposition (PJD, USFP et Istiqlal) étaient tous en déplacement ce dimanche 15 mars dans le sud du Maroc où ils ont prononcé des discours agressifs.

Le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane a ainsi tenu un meeting à Errachidia. Lors de celui-ci, il a accusé l’opposition d’avoir « corrompu » des femmes afin qu’elles viennent à la manifestation du 8 mars devant le parlement.

Une autre révélation de taille faite par Abdelilah Benkirane concerne des menaces qu’il aurait reçues de « certains milieux ». A ce titre, il a assuré que  le roi avait ordonné au ministre de l’Intérieur de lui fournir quatre gardes du corps pour le protéger. Et alors que la veille, il avait déclaré lors de la conférence Imagine New Paths for the Arab World, organisée par les étudiants arabes diplômés de l’université américaine Harvard,  que « le Maroc n’a pas d’avenir si nous entrons en conflit avec notre roi », il a ajouté dimanche que « si le roi n’était pas intervenu, le gouvernement serait tombé ». Il faisait ainsi allusion, sans doute, à la crise provoquée par l’Istiqlal quand le parti a annoncé son retrait de la coalition gouvernementale en mai 2013. Le roi alors en voyage privé, est intervenu, obtenant par téléphone un ajournement de la décision des instances dirigeantes de l’Istiqlal. Ce qui a laissé plus de temps au PJD pour former une nouvelle alliance qui a ensuite donné le gouvernement Benkirane II.

Par ailleurs, Abdelilah Benkirane a défendu son bilan gouvernemental, en évoquant notamment la réforme de la caisse de compensation et les efforts du gouvernement pour l’emploi, tout en dénonçant les critiques systématiques de l’opposition contre ces mesures.

Chabat et Lachgar contre-attaquent

Et justement, le premier secrétaire de l’USFP, qui était dans le Souss dimanche, a prononcé un discours offensif contre le chef du gouvernement. Driss Lachgar a ainsi appelé le roi à intervenir pour que Abdelilah Benkirane arrête ses attaques envers l’opposition, les femmes et les diplômés chômeurs. Il a aussi exprimé le voeu que le roi incite le chef du gouvernement à travailler sur les grandes réformes.

Quant à Hamid Chabat, secrétaire général de l’Istiqlal, qui était à Kelaât M’Gouna dimanche, il n’a pas hésité à déclarer que le « gouvernement a échoué et qu’il travaille sur le dos du peuple ». C’est pour cette raison, a rappelé le tonitruant leader, que son parti a préféré se retirer de ce gouvernement qui, selon lui, ne répond pas aux besoins des classes populaires et a tout fait pour marginaliser les régions excentrées.