Mustapha El Khalfi derrière l'interdiction d'Exodus?

L'ensemble des exploitants de salles de cinéma ayant programmé Exodus, le dernier film de Ridley Scott, ont reçu un courrier officiel du CCM attestant son interdiction au Maroc.

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Des documents officiels envoyés par le Centre cinématographique marocain (CCM) à la distributrice du film Exodus attestent officiellement son interdiction sur tout le territoire marocain. Si la quasi-totalité des salles de cinéma ayant prévu la projection de ce film, sorti le 24 décembre dernier, l’ont déprogrammé le jour même suite à des appels persistants du CCM, Mounia Layadi Benkirane, distributrice du film et exploitante du cinéma le Colisée à Marrakech était encore la seule à le projeter jusqu’au vendredi 26 décembre au soir.

Les raisons de l’interdiction ? Selon le courrier du CCM, « le film Exodus personnifie dieu en un enfant dans une scène où il communique la révélation à Moise ». Un motif d’interdiction qui ne convainc pas tout le monde. « Le film ne tranche pas, c’est une histoire d’interprétation », nous explique Benkirane. « Le petit enfant vêtu de blanc ne dit à aucun moment qu’il est dieu, cela peut être un ange, un médiateur de la révélation », détaille-t-elle. Plus loin dans le film, Moïse dit « ne plus vouloir voir de messager », propos qui pourrait confirmer que l’enfant ne serait que médiateur des messages divins.

Si Mounia Benkirane nous confirmait vendredi 26 décembre la volonté du directeur du CCM, Sarim Fassi Fihri, d’autoriser le film, une source proche du dossier nous confie que c’est Mustapha El Khalfi qui serait derrière cette interdiction, après que la chaîne d’information Al Jazeera se soit exprimée sur le long-métrage. « Quoiqu’il en soit, l’ensemble des salles respectent cette décision« , explique la distributrice d’Exodus« Mais il faut que notre ministre s’exprime officiellement sur cette censure. En Egypte, où le film a été interdit pour des raisons différentes, le ministre de la Culture a tenu une conférence de presse pour détailler les raisons de cette censure« , argumente-t-elle.

Si cette interdiction pèse lourd sur la liberté d’expression dans le domaine de la culture, elle sanctionne financièrement l’ensemble des exploitants de cinémas. « C’était un film très attendu pour l’ensemble des exploitants de cinéma », nous explique Mounia Benkirane. « Déjà que les cinémas souffrent financièrement, nous avions placé beaucoup d’espoir sur ce film », déplore-t-elle.

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Courrier envoyé aux exploitants des salles de cinéma expliquant le motif d’interdiction du film Exodus.

Cette interdiction est d’autant plus obsolète, que des marchands de DVD piratés vendent déjà Exodus sans être inquiétés. Et la censure du film ne peut être que de bon augure pour ce marché clandestin. « Si les autorités tiennent à interdire ce film, soit. Mais il faut qu’il soit aussi interdit des étalages des marchands de DVD pirates », s’insurge la distributrice marocaine du film. « A 200 mètres du cinéma Le Colisée, il y a un magasin de DVD pirates qui a pignon sur rue qui n’a vraisemblablement pas de problème avec les autorités », explique-t-elle. Et de rajouter : « Hier, vers 21h, j’ai eu dix personnes du ministère de l’Intérieur dans mon cinéma pour m’annoncer l’officialisation de l’interdiction du film, ils ont même participé au décrochage de l’affiche. S’ils font leur travail pour interdire un film, il faudrait aussi qu’ils le fassent pour abolir le piratage ».

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Fiche de la commission de contrôle des films cinématographiques exprimant la décision d’interdire le film Exodus.

Contactés par Telquel.ma, ni le ministre de la Communication, Mustapha El Khalfi, ni le directeur du CCM n’ont pu être joints.

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