Patrimoine géologique : un site unique de fossiles de dinosaures pillé près de Midelt

Un site paléontologique exceptionnel contenant de rares empreintes fossilisées de ptérosaures (reptiles volants) et de dinosaures, entre Midelt et Mibladen, dans la région du Drâa-Tafilalet, a été vandalisé par des pilleurs, privant la science mondiale d’un trésor inestimable et suscitant l’indignation de la communauté scientifique marocaine.

Par

Une équipe de chercheurs, dirigée par le paléontologue et professeur Moussa Masrour de l’Université Ibn Zohr d’Agadir et le professeur Félix-Pérez Lorente de l’Université de La Rioja (Espagne), a découvert avec consternation la destruction d’un site paléontologique d’une valeur inestimable situé entre Midelt et Mibladen au Maroc.

Dans un post publié le 18 avril sur sa page Facebook, le professeur Masrour relate comment, en octobre 2024, l’équipe avait passé deux jours à étudier méticuleusement une dalle rocheuse présentant des empreintes fossilisées extrêmement rares de ptérosaures (reptiles volants), ainsi que de dinosaures.

Les chercheurs avaient recueilli des mesures précises et pris de nombreuses photographies en vue d’établir une cartographie détaillée et une reconstitution en trois dimensions du site.

Lorsqu’un membre de l’équipe de l’Université de Meknès est retourné sur place quelques mois plus tard pour compléter la documentation photographique, il a découvert que la dalle avait été sauvagement découpée et vandalisée.

La surface portant les précieuses empreintes a été entièrement prélevée, probablement par des trafiquants de fossiles cherchant à les revendre sur le marché noir.

Un patrimoine mondial rarissime

Le professeur Masrour souligne que les sites comportant des empreintes de ptérosaures sont d’une rareté exceptionnelle, tant au Maroc qu’à l’échelle mondiale. Cette destruction représente donc une perte irréparable pour la science et le patrimoine géologique international.

“Il est urgent d’établir un inventaire national de ces sites paléontologiques au Maroc et d’identifier ceux qui nécessitent une surveillance permanente”

Moussa Masrour, paléontologue

Face à cette situation alarmante, le paléontologue lance un appel pressant aux autorités marocaines pour qu’elles prennent des mesures concrètes et immédiates afin de protéger le patrimoine géologique et archéologique national.

“Il est urgent d’établir un inventaire national de ces sites, et d’identifier ceux qui nécessitent une protection physique, par des clôtures et une surveillance permanente”, déclare le professeur Masrour. Et d’ajouter : “C’est aujourd’hui la seule façon de préserver pour les générations futures ce qu’il reste de ce patrimoine unique et irremplaçable.”

Réaction de la communauté scientifique

Suite à cette annonce, le professeur Abdelouahed Lagnaoui de l’université Hassan Ier de Settat a réagi le 19 avril en partageant des photos du même site prises en 2017 et 2019.

Il a confirmé l’existence de ces traces fossiles exceptionnelles, dont certaines avaient déjà fait l’objet de publications scientifiques, comme les empreintes de tortues et de dinosaures, tandis que d’autres, notamment celles des ptérosaures, étaient encore en cours d’étude.

Le professeur Lagnaoui a également mentionné la présence d’autres fossiles sur le site, dont il préfère taire la nature par crainte de nouveaux actes de vandalisme.

Il a souligné que ces comportements destructeurs nuisent directement aux populations locales, car ces sites constituent des attractions touristiques importantes qui contribuent au développement économique de la région.