Les habitants de la province de Sidi Ifni se sont retrouvés coupés du monde à la suite des graves intempéries qui se sont abattues sur le sud du Maroc du 22 novembre au 1er décembre dernier. Du coup, les routes étant inondées ou sérieusement endommagées, les autorités ont décidé l’envoi d’aides alimentaires par bateau. Dès lundi 1er décembre, des navires, mis à disposition par les armateurs d’Agadir, ont été chargés d’acheminer par voie maritime d’importantes quantités de vivres (lait, farine, sucre, thé et légumes), ainsi que des stations de traitement d’eau et des bonbonnes de gaz.
Mais les quotidiens arabophones Al Akhbar et Assabah, dans leur édition du vendredi 5 décembre, rapportent les accusations de plusieurs associations locales selon lesquelles « l’importante aide de l’État acheminée rapidement vers le port de Sidi Ifni a été détournée. Elle a été confiée illégalement aux commerçants de la ville qui l’ont revendue sans scrupules à des prix exorbitants aux couches démunies ».
« Une partie de l’aide a été détournée à son arrivée au port de Sidi Ifni »
Si un responsable de l’Intérieur sur place, contacté par Telquel.ma, assure que ces accusations sont fausses, et « que la campagne de distribution se déroule normalement grâce à la mobilisation de la police, de la gendarmerie, des forces auxiliaires qui la supervisent et la contrôlent ». Zakaria Rifi, le président de la section locale de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) assure néanmoins qu’ « une partie de l’aide a été détournée à son arrivée au port de Sidi Ifni ». Des « responsables et élus locaux » auraient notamment chargé « de nombreux colis » dans leur voiture. Certains de ces colis auraient ensuite été distribués par des élus pour « s’assurer des voix lors des prochaines élections ».
Quant à la revente de l’aide alimentaire, le militant explique que suite à une réunion des autorités avec les responsables des associations, il avait été décidé que les denrées de premières nécessités seraient distribuées gratuitement dans les zones rurales, mais qu’elles seraient vendues à prix fixe par les commerçants de la ville, de même que les bouteilles de gaz et les légumes. Une part des bénéfices de ces ventes allant à la caisse de solidarité envers les sinistrés, une autre revenant aux commerçants.
Des commerçants qui profitent du chaos
Ainsi, le prix du kilo de légumes à la vente à été fixé à 3,5 dirhams, avec 2 dirhams pour la caisse de solidarité, et 1,5 dirham pour le vendeur. Cependant, « en raison de la désorganisation des autorités, certains commerçants n’ont pas hésité à augmenter les prix… et leurs marges », conclut Zakaria Rifi.
Ce dernier fait remarquer que l’aide alimentaire distribuée dans les zones rurales n’est pas suffisante et que plusieurs douars et villages n’ont toujours reçu aucune aide, tandis que l’aide parvenue dans d’autres localités était insuffisante. Ainsi, explique-t-il, 40 colis contenant 5 kg de farine, de sucre, 500 grammes de thé, de sel, un kilo de lait (en poudre) et trois kilos de riz ont été distribués au centre électoral de Id Moussakna, ce qui, au vu du nombre de personnes qui y vivent, représente moins d’un colis pour 5 familles.
Le militant de l’AMDH demande que des contrôles soient mis en place afin de s’assurer qu’il n’y ait plus de « pertes » entre le moment ou l’aide alimentaire quitte le port d’Agadir et celui où elle est distribuée.
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Les aides alimentaires ne doivent en aucun cas être revendues même pour alimenter des caisses d’associations de solidarité,car en des pareilles circonstances, la priorité est de venir en aide aux sinistrés qui manqent de tout,vous étes tous des opportunistes et des chacales.