A Dubaï, cité des folies architecturales, l'immobilier s'est assagi

Même s'il garde le goût des projets grandioses, le marché de l'immobilier se stabilise à Dubaï, où les professionnels assurent avoir retenu les leçons de l'éclatement de la bulle durant la crise mondiale de 2009.

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Au salon spécialisé Cityscape, qui s’est ouvert dimanche 21 septembre, les promoteurs présentent les maquettes de leurs derniers projets, dont le « Mall of the World », une cité commerciale aux rues à température contrôlée et dotée d’un parc à thème, d’hôtels et d’un théâtre. Sont également exposées des maquettes de maisons à des prix de plus de 25 millions de dollars l’unité. De tels prix témoignent de la richesse de la capitale de l’émirat de Dubaï et ville la plus peuplée des Emirats arabes unis. Porté par des programmes parmi les plus gigantesques au monde, l’immobilier y a d’abord connu une progression impressionnante, qu’a notamment dopée son ouverture en 2002 aux investissements étrangers.

Les prix de vente ont augmenté de 56%

Mais en 2009, avec la crise financière, la valeur des unités immobilières a été brutalement divisée par deux par rapport au pic de 2008. Une reprise de la demande a ensuite fait de nouveau monter les prix et les loyers à un rythme effréné, faisant craindre une nouvelle bulle immobilière. Les prix de vente ont ainsi bondi de 56% et les loyers de 41% depuis août 2012, indique Dana Salbak, analyste chez Jones Lang LaSalle (JLL).
« Nous avons pris conscience qu’une telle évolution était insoutenable », précise-t-elle en marge du salon annuel de l’immobilier, se félicitant d' »une stabilisation » des prix de vente et des loyers dans le secteur résidentiel au cours du troisième trimestre de 2014. »Nous assistons à une stabilisation du marché résidentiel à un niveau sain et durable qui nous réjouit« , ajoute-t-elle.

Selon une étude de JLL, la hausse des prix à la vente et des loyers au troisième trimestre n’a été que de 2% et de 1% respectivement. Knight Frank, une agence de conseil en immobilier, confirme que les prix et les loyers sont orientés à la baisse. « La hausse s’est tassée« , note-t-elle dans son dernier rapport. Elle souligne que la décision du gouvernement de doubler les taxes sur les ventes et de placer le financement hypothécaire sous le contrôle de la Banque centrale, une mesure introduite au dernier trimestre de 2013, étaient à l’origine du ralentissement. « Le gouvernement a joué un rôle majeur dans la lutte contre la spéculation« , a déclaré Dana Salbak.

Une énorme demande

Dans la période d’avant la crise, les promoteurs de Dubaï avaient lancé des projets grandioses, transformant les étendues de désert de l’émirat en jungle urbaine hérissée de gratte-ciels aux lignes audacieuses. L’appétit des investisseurs combiné aux liquidités de l’époque avaient permis de lancer des dizaines de projets en même temps, souvent vendu sur plan. L’éclatement de la bulle a entraîné l’annulation ou le report de nombreux projets. Les promoteurs ont appris la leçon, estime Mme Salbak, qui note que les nouveaux projets sont plus étalés et les ventes sur plan évités.
Mohammed al-Habbai, responsable du Dubai Properties Group, qui a exécuté des projets d’envergure, évoque un changement d’attitude chez les promoteurs et une meilleure gouvernance du secteur. Il note toutefois qu’il y a toujours « une énorme demande pour l’immobilier de Dubaï« , provenant des cinq continents.
Les Indiens sont en tête de la liste des investisseurs étrangers, ayant injecté 10,2 milliards de dirhams (2,8 milliards de dollars) dans le secteur au premier semestre de 2014, selon Knight Frank. Ils arrivent juste derrière les ressortissants des Émirats arabes unis qui ont acheté pour 12,6 milliards de dirhams durant la même période.
Les investisseurs britanniques et pakistanais ont respectivement dépensé 5,8 milliards de dirhams et 4,5 milliards de dirhams, tandis que les Saoudiens ont acheté des biens immobiliers d’une valeur de 3,4 milliards de dirhams.

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