Le Animal and plant health inspection service (APHIS) a autorisé, le 30 juillet 2014, l’importation des myrtilles marocaines sur le sol américain, suite à une requête introduite par le Maroc en 2009.

Malgré l’accord de libre-échange, les fruits rouges figurent en effet au rang des produits nécessitant l’accord de l’APHIS avant de pouvoir pénétrer sur le sol américain. L’agence américaine considère, comme elle l’explique dans son communiqué, que la filière des myrtilles marocaines remplit désormais les conditions phytosanitaires nécessaires à leur entrée sans risque aux États-Unis. Les exportateurs marocains devront ainsi certifier que les fruits qu’ils exportent ne sont pas contaminés par les parasites Ceratitis capitata et Monilinia fructigena.

Selon les estimations de l’Aphis, ce sont au total 163 tonnes de myrtilles marocaines qui seront annuellement exportées vers le marché américain, soit environ 0,1 % de la demande américaine.

La filière fruits rouges marocaine peut-elle s’imposer aux États-Unis ?

Il faut dire que le Maroc a consenti un important effort d’investissement dans la filière des fruits rouges. Un programme de développement des diverses filières de fruits rouges, soutenu par l’USAID avait été initié en 2005, et se donnait notamment pour objectif d’améliorer la traçabilité des myrtilles marocaines, ainsi que la mise aux standards phytosanitaires des fruits rouges marocains. Ainsi, après les framboises il y a neuf mois, la filière obtient une nouvelle victoire.

La myrtille marocaine, à en croire les prévisions de l’USAID, possède une forte compétitivité par rapport aux autres producteurs de myrtilles, qui possèdent à la fois des coûts de main d’œuvre et de transports plus élevés. Ainsi, à titre de comparaison, la myrtille canadienne se négociait en 2005 à 3782 $ le kilo, et ce malgré des coûts de transports faibles. Cela laisse envisager que la myrtille marocaine aura, dès son entrée sur le territoire américain, une compétitivité prix plus élevée que la plupart des pays concurrents.

Contacté par Telquel.ma, Aboubakr El Asri, spécialiste du développement agricole, tient cependant à relativiser l’impact que cela aura sur les exportations de myrtilles marocaines aux États-Unis. Il rappelle que « le marché privilégié des fruits rouges marocains reste l’Union européenne, et en particulier la Grande-Bretagne ». Tout comme il relativise l’avantage concurrentiel dont dispose le Maroc en termes de coût de la main d’œuvre, qui a beaucoup augmenté, et qui renchérit le coût des produits agricoles marocains.Il reste également mitigé sur les chances de réussite des myrtilles marocaines dans un marché américain très exigeant sur le plan administratif, mais également du circuit de commercialisation.

Pour lui, « la logistique marocaine est déficiente car elle ne permet pas d’exporter les marchandises vers les États-Unis dans des conditions concurrentielles. Il n’existe pas de navires affrétés directement vers les États-Unis, les produits marocains ont besoin de 6 semaines pour arriver sur le sol américain en moyenne », rappelle-t-il.

Les myrtilles marocaines ont donc encore du chemin à parcourir avant de s’installer durablement sur le marché américain.