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Botola Pro, saison 1

Felicidades matadores ! Le Moghreb de Tétouan est sacré champion de la Botola. Son titre, il est allé l’arracher à Rabat au FUS, son dauphin, lors de l’ultime journée du championnat. Tout le Maroc était derrière le MAT. Ou plutôt tout le Maroc était contre le FUS. Car ce club de la capitale incarne le Makhzen économique dans toute sa splendeur : des cols blancs, proches d’un très proche du roi, qui, non rassasiés par le contrôle de toute l’économie du royaume, ont décidé d’investir ce domaine où rien ne tourne rond… même pas le ballon. D’ailleurs, comment un club peut avoir plus de dirigeants connus (de gros pontes du Makhzen de surcroît) que de supporters ? C’est une anomalie, une hérésie footballistique. Qui plus est, le président du FUS, Ali Fassi Fihri, a joué la tactique de la chaise vide lors de ce dernier match où son club pouvait encore gagner son premier titre de champion. Circonstance aggravante, le Fassi Fihri en question est aussi le président de la Fédération marocaine de football. C’est le comble du mépris envers cette Botola, qui vient za3ma de basculer dans le professionnalisme. Mais ne nous hâtons pas de faire un procès d’intention à S’di Ali. Il devait sans doute réparer des dégâts d’eau ou une panne électrique, en sa qualité -son vrai job en fait- de patron de l’Office national de l’électricité et l’eau potable (ONEEP). Ou peut-être qu’il ne s’était pas encore remis de la débâcle des Lions de l’Atlas contre le Sénégal. Qui sait ? Peut-être qu’il s’est envolé pour la Gambie pour préparer l’arrivée de l’équipe nationale. Mieux, peut-être même qu’il a démissionné sans nous prévenir. En tout cas, il n’était pas là au moment où il devait faire son job : entre autres, remettre le chèque de 3 millions de dirhams aux champions. Mais c’est vrai que, vu sous cet angle, ça ne valait pas vraiment le coup de se déplacer : c’est juste un mois de salaire d’Eric Gerets.

Aveux d’impuissance

Ils se sont lâchés les ministres pjdistes. Ils pensaient être entre eux, dans une réunion interne du parti. Alors ils ont tout balancé, ils ont dit tout le mal qu’ils pensaient du système. Un ministre souligne qu’ils ne sont que “des partenaires de l’autorité”. Un autre révèle qu’il “existe des projets pour semer la confusion dans l’action gouvernementale et pour altérer ses projets dès leur naissance”. Un dernier avoue qu’il a “maintenu des fonctionnaires car ils appartiennent à des familles influentes” et qu’il a “reçu des recommandations à leur sujet”. Autant d’aveux d’impuissance de la part de ces nouveaux responsables. En gros, cette brochette de ministres ne sert à rien. Pour en finir avec les pratiques du passé, il faudra repasser. Alors que font-ils toujours en poste s’ils n’ont aucun pouvoir pour changer les choses ? Ils sont juste là à occuper la scène et les médias, à faire de l’esbroufe par-ci, de pousser des coups de gueule par-là et, surtout, à capitaliser au maximum sur leur proximité avec le centre du pouvoir. Eh oui, figurer à l’arrière-plan des images télévisées des activités royales vaut mieux que le plus enflammé des meetings électoraux. Ils sont sur la bonne voie : ce sera peut-être eux les figures du nouveau Makhzen.

Affaire classée

On devinait bien que l’affaire du tabassage du préfet de police de Rabat allait finir par se tasser. Ça se passe toujours comme ça quand des personnes influentes humilient des agents en uniforme. En 2006, une dame de bonne famille avait écrasé avec sa voiture une policière qui lui dressait un PV. Résultat : un séjour de quelques semaines en taule, au pavillon VIP, suivi d’une grâce royale. En 2008, un chrif apparenté à la famille royale a sorti un flingue de la boîte à gants de sa voiture pour plomber un autre agent de la circulation. Pour le tirer d’affaire, on lui découvre une maladie : le fameux syndrome de Korsakoff, qui a sans doute inspiré l’anosognosie de Jacques Chirac. Aujourd’hui, pour le cas du préfet, la DGSN nous dit que cela n’a jamais eu lieu : “Ce ne sont que des allégations mensongères et infondées colportées par les médias”. C’est ce que dit un communiqué transmis, dix jours après les faits, à l’agence officielle MAP. En deux mots : affaire classée. On ne va tout de même pas remettre en cause la parole de la DGSN, dont chaque membre vaut à lui seul douze témoins. Mais cette histoire a au moins eu le mérite de révéler l’idylle entre la police nationale et le Mouvement du 20 février. Les membres du M20, ironiques, ont organisé un sit-in en soutien au préfet tabassé, les forces de l’ordre, elles, les ont accueillis matraque à la main. Je t’aime, moi non plus… 

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