Tendance. Tiens, les Marocains lisent !

L’annonce de l’ouverture d’un magasin Fnac au Maroc a fait des heureux, ainsi que des sceptiques. Près de deux mois après l’ouverture, le bilan est plutôt positif. Tour des rayons.

Après s’être imposé comme la référence des produits culturels un peu partout en Europe, et même au Brésil, la Fnac a choisi le Maroc pour sa première implantation en Afrique. Le pari semblait risqué dans un pays où la lecture est loin d’être le premier sport national, et où le marché informel fait des ravages. Installé à l’entrée du Morocco Mall, le magasin ne désemplit pas. Dans des locaux grands de 2700 m2, l’offre est articulée autour de sept types de produits : livres, disques, microinformatique, son, vidéo, photographie et voyages. En plus des rayons, il faut ajouter un café et un coin lecture. Pour optimiser les ventes et attirer un maximum de clients, la Fnac met le paquet et propose, depuis son ouverture, un programme très varié : animations gratuites pour les enfants, les ados ou les adultes, ateliers d’initiation, mini-concerts, dédicaces, rencontres avec les auteurs, clubs de lecture et musique. Une opération séduction qui porte d’ores et déjà ses fruits.

Le livre, ça marche

Il est de notoriété publique que le livre au Maroc est en crise, et ce depuis des années. Pourtant, un produit sur deux vendu à la Fnac est un livre. Le choix est large et reste assez diversifié, avec un rayon nouveautés, et surtout une offre mangas et bandes dessinées qui n’a pas sa pareille. Le rayon jeunesse, quant à lui, vous donne presque envie de retomber en enfance. Un univers coloré et ludique offrant un champ d’expériences tactiles et sensorielles variées.

Toutefois, il est possible que vous ne trouviez pas certains titres, dont des classiques et surtout les titres censurés comme c’est le cas du livre posthume de Mohamed Leftah, Le dernier combat du capitaine Ni’mat. Sur ce point, la Fnac ne diffère guère des autres librairies. Elle est soumise aux mêmes règles du ministère de la Communication, et ce n’est pas exceptionnel qu’un nouvel arrivage reste bloqué une dizaine de jours à la douane, en attente de la validation des titres. Pour Anissa Jarrar, responsable communication et action culturelle de la Fnac Maroc, “l’inconvénient est de se retrouver sans certains titres dans les rayons. Plusieurs éléments entrent dans l’équation : quand est-ce que les livres sont expédiés depuis la France ? Combien de temps vont-ils rester à la douane ? C’est ce qui explique que l’on n’ait pas une maîtrise totale en ce qui concerne le réapprovisionnement”.

Pour toutes les bourses

Sur la musique, la prise de risque n’a pas été très grande. Il est vrai qu’on retrouve un peu de tout, mais la classification laisse à désirer. Le rayon variété internationale regroupe plusieurs genres classés méli-mélo, du coup, ne vous étonnez pas de trouver Metallica à côté de Lady Gaga. Les amateurs de musique classique et de jazz seront satisfaits, mais il y a encore du travail à faire de ce côté-là. Côté prix, la Fnac est restée fidèle à sa politique tarifaire. Comptez 15 DH comme prix de départ, entre 70 et 90 DH pour des CD sortis depuis un moment, et 150 à 250 DH pour la nouveauté. Les mélomanes trouveront leur bonheur avec des coffrets de luxe, ainsi que des vinyles.

Les films et les séries ne sont pas en reste, il y a de quoi faire le bonheur de chacun. Même si les cinéphiles adoubés risquent d’être déçus, car la tendance penche plus vers les blockbusters américains. Les prix de départ sont de 20 DH pour les DVD et de 199 DH pour les Blu-ray. Enfin, installé sur tout le rez-de-chaussée du magasin, le coin high-tech est une véritable caverne d’Ali Baba. On y trouve quasiment de tout : des petits gadgets, habillage pour téléphones et ordinateurs portables, téléviseurs, appareils numériques compacts… jusqu’au matériel de pointe. Les responsables Fnac ont déjà pu vendre trois appareils photo de marque Leica, un bijou qui ne coûte pas moins de 90 000 DH.

Geeks, à vos manettes !

La véritable surprise vient des consoles ainsi que des jeux. Ils ne pensaient pas être en rupture de stock sur ces articles, quelques semaines à peine après l’ouverture. La raison ? Il ne faut pas chercher trop loin, la Fnac a réussi l’impossible en s’alignant pratiquement sur les prix de Derb Ghallef, antre de l’informel. D’après Anissa Jarrar, c’était le but recherché depuis le début : “Nous avons des prix pour tous ! Nous sommes allés chercher dans l’entrée de gamme beaucoup plus bas que dans d’autres pays”. Elle ajoute également : “L’informel est une donnée majeure au Maroc et à Casablanca en particulier. En fait, nous avons des concurrents partout, mais aucun d’entre eux n’a la même approche commerciale et marketing que la nôtre. Nous ne pouvons pas nous comparer à Derb Ghallef. Nous avons des professionnels qui font ce métier depuis une dizaine d’années, ils savent où s’approvisionner, pour un meilleur rapport qualité/prix”. Les Geeks marocains ne se sont pas fait prier, et ils sont plutôt exigeants. “Ce qu’on a découvert, c’est que les clients viennent en sachant déjà ce qu’ils veulent. Ils sont très bien informés, suivent l’actualité, et raffolent des dernières sorties. On s’est très vite retrouvés à court d’articles dans certains rayons”, affirme Ester Lozano, responsable de la section éditoriale.

Le bilan de ces deux premiers mois est largement positif. La Fnac est l’un des magasins les plus fréquentés du Mall, et compte 6000 adhérents déjà. Une clientèle certes de plus en plus fidèle, mais pas moins critique. Sarah, une jeune Casablancaise, avoue être un peu déçue : “Connaissant la Fnac en France, je suis un peu restée sur ma faim, car ce n’est pas assez grand. De plus, le personnel n’est pas toujours au courant de tout, du coup on est obligés de chercher certains articles nous-mêmes”. Une lacune dont les responsables sont conscients. “Nos vendeurs sont de vrais passionnés, mais il ne faut pas oublier que c’est un nouveau métier, ils n’ont pas l’habitude de vendre de la culture”, confie Anissa Jarrar . Un point parmi d’autres à développer, car au vu du succès rencontré, le prochain objectif est d’élargir encore plus la gamme de produits, mettre en place un service de commandes spéciales, ainsi que d’accompagner le paysage culturel à travers des partenariats et différents événements.    

 

Fidélisation. Les nouveaux cercles…

Les aficionados de lecture et de musique ont désormais deux clubs qui leur sont dédiés. Le cercle littéraire débat à chaque rencontre d’une thématique (livre, auteur, courant littéraire). Vous ne serez pas seuls, car il compte déjà plusieurs membres assidus. Pour le mois de février, le cercle a partagé ses impressions sur le dernier roman de Michel Dural, L’île-aux-chiens, en présence de l’auteur. A la fin de chaque rencontre, les membres décident d’un titre à lire qu’ils débattront à la prochaine rencontre.

Les mélomanes pourront exprimer, quant à eux, leur coup de cœur ou de gueule, une fois par mois, lors des rencontres du club pop-rock. Une occasion d’échanger avis et commentaires ou encore de partager ses découvertes. Le club est animé à chaque fois par des invités comme Réda Allali ou encore Hicham El Khlifi. Au programme : débat, écoute de nouveautés ou encore dépoussiérer des classiques incontournables. Pour consulter l’agenda des programmes : www.fnacmaroc.ma 

 

Rejoignez la communauté TelQuel
Vous devez être enregistré pour commenter. Si vous avez un compte, identifiez-vous

Si vous n'avez pas de compte, cliquez ici pour le créer