UA-UE : Consultations au sommet sur la présence de la RASD à Abidjan

Le Conseil exécutif de l'Union africaine a chargé Moussa Faki de trouver un consensus sur la participation de la RASD au Sommet UA-UE d'Abidjan en novembre. S'il n'y parvient pas, le Conseil estime que la RASD y participera "automatiquement".

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Ouverture du Conseil exécutif de l'UA le 30 juin à Addis-Abeba. (Archives) Crédit : TelQuel

Le président de la Commission de l’Union africaine Moussa Faki Mahamat mène des consultations politiques concernant la participation de la RASD au 5e Sommet Union africaine – Union européenne, qui se tiendra les 29 et 30 novembre prochain à Abidjan.

Le 16 octobre à Addis-Abeba, le Conseil exécutif de l’Union africaine s’est en effet réuni en session extraordinaire pour plancher sur les préparatifs de ce sommet. Abdelkrim Benatiq, ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé des Marocains résidant à l’étranger et des Affaires de la migration, menait la délégation marocaine.

Le Conseil exécutif, qui rassemble les ministères des Affaires étrangères des pays membres, a adopté une décision à laquelle le Maroc n’adhère pas. Il « donne mandat au Président de la Commission de l’Union africaine de poursuivre ses consultations de haut niveau et les conclure le 27 octobre 2017. Faute de parvenir à un consensus basé sur les décisions de l’Union africaine, les dispositions de la Décision EX.CL/Dec.942 (XXX), paragraphes 4 et 5, seront automatiquement appliquées« , énonce le Conseil dans sa décision.

Lors d’une conférence à l’issue de sa rencontre avec son homologue français Jean-Yves Le Drian le 9 octobre, le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita avait déclaré que le royaume tenait à faire respecter la « pratique internationale » qui avait prévalu lors des quatre précédents sommets « Afrique-UE« , excluant donc la RASD.

Selon nos informations, à Addis-Abeba, le Maroc « a poussé au maximum pour que le Conseil mandate le président de la Commission » pour mener des consultations. Notre source auprès de l’institution explique que « ça a chauffé, mais que le Maroc a gardé une approche constructive« . Emmenés par l’Afrique du Sud, tous les États de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) à l’exception du Malawi auraient en revanche poussé dans l’autre sens pour imposer une deadline au 27 octobre.

À cette date, si aucun consensus n’est atteint au cours des consultations, c’est une précédente décision du Conseil exécutif, prise en janvier avant que le Maroc ne réintègre l’UA, qui s’appliquerait « automatiquement » et permettrait à la RASD de participer au Sommet d’Abidjan.

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En effet, le paragraphe 4 de cette précédente décision « réaffirme le droit de tous les États membres de participer indistinctement à toutes les réunions, activités et manifestations organisées dans le cadre des partenariats auxquelles l’UA participe« . Le paragraphe 5 prévoit une sanction en décidant « que tous les États membres qui ne se conforment pas aux dispositions de la décision précitée seront privés du privilège d’accueillir les réunions conformément à l’article 23 de l’Acte constitutif« .

Dans la pratique, il est rare que les décisions de l’UA s’appliquent effectivement. Une dichotomie entre les décisions et leur exécution qui avait conduit Moussa Faki à tirer la sonnette d’alarme en juin dernier durant le 29e sommet de l’UA. « Soit nous prenons les décisions et adoptons les textes pour les appliquer, soit nous différons la prise de ces décisions et l’adoption de ces textes à des jours où nous serons à même de les appliquer« , déclarait-il devant le Conseil exécutif.

Selon nos informations, Moussa Faki mène des consultations auprès du président de l’UA en exercice, Alpha Condé, le président du pays hôte Alassane Ouattara, et la Commission européenne dans le but de régler ce différend qui pourrait perturber le Sommet en Côte d’Ivoire.

Le Maroc doit désormais compter sur ses amis africains et ses partenaires européens pour éviter de revivre une scène comme à Maputo au Mozambique lors du sommet Afrique-Japon d’août. Entre le Maroc et le pays hôte qui avait imposé la présence de la RASD en dépit du refus du Japon, la tension était telle qu’elle avait viré à l’altercation lorsque les agents de sécurité mozambicains avaient empêché la délégation marocaine conduite par Nasser Bourita d’accéder à la salle de conférence. Ici encore, le Maroc avait tenté de faire respecter la « pratique internationale » en matière de réunion multilatérale, celle de l’ONU en l’occurrence.

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