Le torchon brûle (toujours) entre Uber Maroc et les taxis casablancais

La bataille entre les taxis casablancais et les nouvelles applications de transport bat son plein, alors qu'Uber séduit de plus en plus de consommateurs par sa flexibilité.

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En trois ans, des dizaines de chauffeurs et utilisateurs Uber ont été agressés par les taxis rouges de Casablanca, protestant contre une "concurrence déloyale" (crédit: DR)

Un sit-in de chauffeurs de taxis a eu lieu le 27 décembre devant les locaux casablancais d’Uber pour attirer l’attention des autorités sur la situation. Alors que les modes de transport alternatifs se multiplient au Maroc, la grogne des chauffeurs de taxis se fait de plus en plus insistante. Si cette fois-ci, c’est l’inauguration des nouveaux services de vélos-taxis, dans le cadre de l’INDH, qui a ravivé la flamme d’une bataille qui dure depuis des mois, c’est bien vis-à-vis d’Uber que la contestation se cristallise.

Les méthodes virulentes des taxis font débat

L’arrivée d’Uber dans le paysage des transports casablancais en juillet 2015 continue d’alimenter la colère des chauffeurs de taxi, confrontés à une concurrence qu’ils jugent déloyale et clandestine. Comme dans d’autres pays où opère l’entreprise californienne, ces derniers n’hésitent pas à s’en prendre directement aux chauffeurs Uber pour faire passer leur message.

La stratégie adoptée par les taxis pour exprimer leur mécontentement suscite toutefois très peu d’adhésion parmi les usagers. Les témoignages de chauffeurs Uber pris à parti par des chauffeurs de taxis se multiplient. A tel point que ces derniers, tout comme leurs clients, craignent pour leur sécurité. Certains taxis commandent par exemple des Uber pour retenir le chauffeur avant d’appeler les forces de l’ordre afin de verbaliser ceux qu’ils qualifient de transporteurs clandestins.

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La wilaya de Casablanca avait déjà saisi la justice de la question en octobre, après avoir déclaré les activités d’Uber Maroc illégales, ce qui n’a pas empêché la société de continuer d’opérer dans la ville. Son succès semble d’ailleurs ne pas se démentir, puisque l’entreprise annonce que plus de 15 000 personnes ont utilisé ses services depuis le lancement en juillet 2015.

Uber, sûr de son fait et de sa légalité

De plus Uber ne se décrit pas comme une entreprise de transport, mais plutôt comme un service technologique qui met en relation une offre et une demande de transport. Son argumentaire légal est rôdé, puisque l’entreprise californienne est confrontée à l’opposition des professions concernées dans tous les pays où elle opère. Pour Meryem Belkziz, directrice générale d’Uber Maroc, le client d’Uber n’est pas la personne transportée, mais bien la société qui assure le transport, qu’il s’agisse d’un taxi ou d’une société de transport touristique partenaire. Uber Maroc propose d’ailleurs aux taxis de rejoindre leur plateforme à des conditions avantageuses, nous explique-t-elle. A ce jour, 250 taxis qui ont franchi le pas de « l’ubérisation » à Casablanca.

« Les taxis qui choisissent de rejoindre la plateforme sont mieux rémunérés que lorsqu’ils récupèrent des clients directement dans la rue via maraudage, et sont dispensés des frais qui s’appliquent aux véhicules touristiques », poursuit Meryem Belkeziz.

Pour elle, la résistance vient d’abord de ceux qui considèrent comme plus rentable d’opérer aux heures de pointe en prenant des courses partagées de trois personnes, mais également des membres de la profession qui refusent d’appliquer la transparence tarifaire, notamment pour le transport des touristes, qui seraient fréquemment victimes de pratiques déloyales de la part des chauffeurs de taxis.

« Selon l’endroit où vous voulez vous rendre, certains taxis peuvent vous facturer jusqu’à 50 dirhams sans qu’à aucun moment le compteur ne démarre. La transparence prônée va forcément bousculer les modèles en place ».

La directrice générale d’Uber Maroc affirme également que l’entreprise suit de très près les différents incidents ayant impliqué des chauffeurs affiliés Uber, et fournit à ces derniers le support juridique nécessaire, alors que ceux-ci sont régulièrement verbalisés et placés en garde à vue par les forces de l’ordre.

Contacté à multiples reprises par Telquel.ma, le Syndicat des chauffeurs de taxis n’a pas donné suite à nos sollicitations.

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