Le club de polo de Guerrand-Hermès inauguré, des habitants toujours en colère

Le club de polo de Guerrand-Hermès, au cœur de ce qui est devenue l’histoire Hercule contre Hermès, ouvre progressivement ses portes. Plusieurs procès autour de cette histoire sont toujours en cours.

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Le complexe de polo, tout près d'Asilah. Crédit : PGH La Palmeraie Polo Club.

En face de la plage de Sidi Mghait, à Asilah, le « PGH La Palmeraie Polo club » a officiellement ouvert, le 16 août, à l’occasion d’une finale de compétition de polo où se sont affrontées équipes marocaine, espagnole, argentine, hollandaise et anglaise. C’est le premier complexe qui proposera des cours de cette discipline au Maroc, nous explique le manager. Des stages sont ainsi proposés, pour les initiés ou les débutants. Pour le moment, seules deux chambres sont proposées pour les touristes, mais pas sur le site même.

Finale de la compétition organisée le 16 août. Crédit : PGH La Palmeraie Polo Club.
Finale de la compétition organisée le 16 août. Crédit : PGH La Palmeraie Polo Club.

Le club est situé face à la mer. Pour assurer la construction de son projet, Patrick Guerrand-Hermès (héritier de la célèbre marque) a bien sûr acheté des terres. Et le documentaire Hercule contre Hermès, pour lequel son réalisateur et la chaîne 2M ont été attaqués notamment pour atteinte à la vie privée, raconte comment l’un des derniers petits propriétaires (la famille Sidi Mghait) à du faire face à l’intimidation de l’homme d’affaires qui voulait le déloger.

Aujourd’hui encore, le conflit n’est pas clos. Mounir Majdoubi, qui tient des paillotes (transats et parasols) sur la plage, a lui aussi eu à faire au Français, mais indirectement. La direction du domaine maritime lui réclame 210 000 dirhams d’amende pour occupation illégale. L’affaire est aujourd’hui devant le tribunal d’Asilah. L’homme s’oppose également au député. Le parlementaire l’accuse de coups et blessures. L’affaire remonte à 2013, et c’est son ami Abdou Berrada qui nous la raconte : « Des ouvriers qui construisaient la piste pour accéder au club ont empêché Mounir et deux touristes qui l’accompagnaient d’emprunter ce chemin pour accéder à la plage. Ils ont appelé l’élu. Lui dit que Mounir Majdoubi l’a frappé, mais il n’y a eu qu’un échange d’injures ». Pour Abdou Berrada, Patrick Guerrand-Hermès bénéficie de la complicité des responsables publics locaux. D’après lui, une entreprise de l’élu en question se serait chargé de la construction de cette fameuse piste.

Pour le manager du club, les critiques ne sont pas recevables : « Il y a un accès naturel à la plage. Nous avons construit une route privée sur le terrain appartenant au propriétaire. Maintenant tout le monde veut l’emprunter pour accéder à la plage parce que c’est plus facile ». Mais pour Abdou Berrada, le problème est bien plus important : il critique l’objet même du projet et les moyens pour y aboutir. D’après lui, l’homme d’affaires aurait fait déplacer des dunes, détruit des collines et « volé de l’eau à la population » pour en venir à ses fins. « La côte est en train d’être détruite pour de la spéculation immobilière. Il faut préserver notre nature et empêcher que les paysans soient expulsés de leur terre puis relégués dans des bidonvilles à côté de la côte », nous explique celui qui se décrit comme un « écolo ». Mais là aussi, pour le clan Guerrand-Hermès, les critiques ne tiennent pas la route : « Nous n’avons rien détruit et nous faisons même beaucoup de choses pour la ville », nous explique le manager qui explique par exemple que 50 personnes ont été embauchées pour l’organisation du dernier tournoi.

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