Butane & règlements de comptes: l'oral de Benkirane devant les conseillers

A l’occasion de la session mensuelle des questions orales à la Chambre des conseillers, Abdelilah Benkirane a évoqué ses relations avec l’opposition, mais aussi la décompensation et l’amnistie financière.

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Abdelilah Benkirane, chef du gouvernement. Crédit : Yassine Toumi

Le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane, qui répondait aux questions orales des parlementaires de la seconde chambre mercredi 3 décembre, en a profité pour faire à nouveau le bilan de son gouvernement, régler quelques comptes et faire des annonces, notamment sur la décompensation du gaz butane et le succès de l’opération d’amnistie financière.

« Il y a une crise d’opposition »

Le patron du Parti de la justice et du développement (PJD) a commencé par aborder ses relations avec l’opposition. Le chef du gouvernement s’est adressé aux conseillers, et plus particulièrement ceux de l’opposition, en leur demandant : « Est ce que vous me voyez dénigrer vos leaders ? Est-ce que j’accuse vos leaders d’être liés à Daech […], au front Al Nosra […], au Mossad [services secrets israéliens, ndlr] ? ». Une manière de répondre au leader de l’Istiqlal, Hamid Chabat, qui avait accusé au parlement et dans une vidéo diffusée sur YouTube le chef du gouvernement de collaborer avec l’État islamique ainsi que le service d’espionnage israélien. Avant de lui rendre la pareille en faisant allusion − mais sans le nommer à « l’affaire des hectares » dans laquelle est impliqué le patron de l’Istiqlal.

Le chef du gouvernement a aussi profité de son intervention à la Chambre des conseillers pour mettre en valeur le bilan de son gouvernement déclarant que « 50 % de la population en était satisfait selon les médias » faisant sans doute référence au récent sondage réalisé par TNS et TelQuel (selon lequel 49% des sondés sont satisfait du chef du gouvernement). Un sondage dans lequel 42 % de personnes interrogées ont refusé d’évoquer l’action de l’opposition ce qui fait dire à Benkirane qu’« il y a une crise d’opposition ».

La fin « prochaine » de la compensation du gaz butane

Le leader du PJD a ensuite marqué les esprits en évoquant un « prochain » arrêt des subventions au gaz butane. Il a insisté sur le coût de la compensation de ce produit − estimé à 14 milliards de dirhams par an − en rappelant que pour chaque bonbonne de gaz butane achetée à 42 dirhams, le gouvernement paie 83 dirhams. Il a indiqué que la compensation « n’allait pas au peuple » et qu’elle profitait notamment aux  industriels, restaurateurs, agriculteurs et nantis qui n’en ont pas besoin. Il a dit que les couches sociales défavorisées devraient toujours bénéficier de l’aide de l’Etat mais n’a pas précisé comment le gouvernement comptait procéder.

Le chef du gouvernement a également mentionné les autres mesures de décompensation qui ont « permis à l’État de respirer » en se débarrassant de la charge que représentent les entreprises.

10 milliards de dirhams pour l’amnistie financière

Autre mesure du gouvernement mentionnée par Benkirane : l’amnistie financière. Pour rappel, cette opération, qui se termine le 31 décembre prochain, visait la déclaration de cinq milliards de dirhams illégalement investis à l’étranger. Or le 1er décembre, le ministre de l’Économie et des finances Mohamed Boussaïd a annoncé que le cap des six milliards de dirhams avait déjà été dépassé. Et le chef du gouvernement est allé plus loin en indiquant que le gouvernement espérait atteindre « atteindre 10 milliards de dirhams ». Un chiffre qui représente donc le double de l’objectif initial.

Le leader du PJD a aussi fait part de son intention d’assainir les finances publiques. A ce titre, il a mentionné les réalisations de son gouvernement qui, en une année, a réduit le déficit budgétaire de deux points en le faisant passer de 7,3 % à 5,2 % du PIB entre 2012 et 2013. L’objectif du gouvernement est de porter ce chiffre à 4,9 % en 2014 et à 4,3 % du PIB en 2015. Pour Benkirane, 2016 devrait permettre au gouvernement d’atteindre son objectif : réduire le déficit à 3,5 % du PIB.

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