Sondage exclusif: Les Marocains aimeraient croire en la politique, mais...

Loin de se désintéresser de la politique, les Marocains peinent à trouver des représentants en lesquels ils peuvent croire.

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Cela vous surprendra peut-être, mais les Marocains croient encore au pouvoir de la politique. 62 % des personnes interrogées dans le cadre du sondage TNS / TelQuel* considèrent que la politique permet beaucoup de changer des choses importantes dans le pays et la vie quotidienne des gens, 13 % estimant qu’elle le permet plutôt. Seuls 7 % des gens doutent du pouvoir de changement de la politique (5 % pensant qu’elle ne permet pas du tout de changer les choses importantes dans le pays et la vie quotidienne des gens, et 2 % qu’elle ne le permet plutôt pas). 19 % n’expriment pas d’avis.

Une vieille dame met son bulletin de vote dans l'urne.
Le vote reste populaire, en particulier chez les plus âgés. Crédit : Yassine Toumi

La participation électorale pour les scrutins municipaux à venir s’annonce d’ailleurs élevée, à en croire les réponses des sondés, dont 69 % déclarent avoir l’intention d’aller voter. Seuls 22 % répondent d’emblée qu’ils ne prendront pas le chemin de l’isoloir ; 10 % refusent d’exprimer un choix à ce stade.

Les Marocains portent même un regard bienveillant sur le fonctionnement démocratique du pays, puisque 46 % des personnes interrogées estiment que la démocratie au Maroc fonctionne très bien, et 32 % plutôt bien. Seuls 7 % jugent qu’elle fonctionne « plutôt pas bien » et 7 % « pas bien du tout ». 9 % n’expriment pas de jugement.

Voter sans confiance

Pourtant il y a une crise de représentativité qui touche les corps intermédiaires : à la question de savoir s’ils ont le sentiment d’être bien représentés par au moins un corps intermédiaire, la première des réponses (40 %) des sondés est de refuser d’exprimer un avis, et la deuxième, avec 25 %, est bien d’affirmer que personne ne les représente.

Très loin derrière, le parti politique (c’est-à-dire au moins l’un d’entre eux) donne le sentiment de les représenter à tout juste 9 % des Marocains, devançant, sur la scène stricto sensu politique, le député (7 % des sondés se disent représentés par au moins un député) et le leader politique (6 %). Les associations (7 %) et les syndicats (4 %) ne font guère mieux. Les pouvoirs locaux non plus : le conseiller municipal n’est cité comme bon représentant que par 4 % des enquêtés. La société civile n’a visiblement pas produit de leaders d’opinion qui vaillent, puisque la réponse « Une personnalité civile » ne recueille que 3 % des réponses.

Les Marocains semblent ainsi s’intéresser à la politique en rejetant toute forme d’intermédiaire au débat public. Interrogés plus spécifiquement sur la question des partis politiques, quant à savoir lequel leur semblerait pouvoir bien servir le Maroc, 48 % des sondés refusent d’ailleurs de répondre. 18 % répondent aucun. Un désaveu cinglant.

Seul un parti réussit à se hisser en 2e position, derrière les sans avis, et devant les « blasés » : le PJD, qui obtient les sympathies de 19 % des sondés. L’Istiqlal suit à 15 % d’avis favorables. A seulement 6 %, l’USFP ouvre le bal des mini-partis, avec le PAM (4 %), et le MP, l’UC et le RNI (2 % chacun).

 

Les seniors, force électorale du gouvernement Benkirane

Reste que dans notre rapport à la politique, l’âge fait quelquefois une différence notable. Les tranches d’âge 35-44 ans, 45-54ans et plus de 54 ans semblent plus impliquées dans la vie politique. Le taux de participation prévu aux élections municipales de 2015 y est respectivement de 78 %, 71 % et 71 %, contre 58 % seulement pour les 25-34 ans. Chez les 18-25 ans, dont certains votent pour la première fois, 69 % pensent voter aux prochaines élections.

Les plus âgés sont aussi les plus favorables à la majorité actuelle. 50 % des 45-54 ans se disent très satisfaits du gouvernement actuel, 15 % étant satisfaits, soit 65 % d’opinions favorables. Seuls 18 % de cette tranche d’âge se disent plutôt mécontents voire très mécontents du gouvernement actuel. La proportion de très satisfaits et de satisfaits est de 53 % chez les plus de 54 ans et de 55 % chez les 35-44 ans.

satisfaction gouvernement

En revanche, chez les 18-24 ans et les 25-34 ans, les opinions favorables sont minoritaires, à 41 %. Mais les sans avis et avis mitigés sont si importants que le gouvernement actuel n’y récolte respectivement que 24 % et 20 % d’opinions défavorables. Les chiffres concernant l’évaluation de l’action du chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, sont sensiblement les mêmes.

confiance-benkirane

L’opposition est donc loin de capitaliser sur une usure de la majorité actuelle. Même l’électorat jeune, plus réticent vis-à-vis d’Abdelilah Benkirane et de son gouvernement, ne lui pas acquis. A la question de savoir si l’opposition ferait un meilleur travail que le gouvernement actuel, 29 % des personnes interrogées répondent oui (dont 18 % pensent même qu’elle ferait de loin un meilleur travail) tandis que 29 % répondent par la négative (dont 18 % estimant qu’elle ne ferait pas du tout un meilleur travail). Encore une fois, ce sont les refus de répondre qui l’emportent largement, avec 42 % des « réponses ». L’opposition peine donc à convaincre ne serait-ce que le tiers de la population.

*Sondage réalisé auprès d’un échantillon de 1 000 personnes. Etude téléphonique sur un échantillon représentatif de la population marocaine âgée de 18 ans et plus.  La représentativité de l’ensemble des régions, couches sociales et autres critères socio démographiques est assurée par un échantillonnage aléatoire basée sur la génération aléatoire des numéros de téléphone mobile (RDD = Random Digit Dialing). Les numéros sont générés de manière à ce que tous les Marocains détenteurs d’une carte SIM en activité aient exactement la même chance d’être appelés. Les résultats de l’étude sont redressés afin de ramener la structure de la population marocaine par sexe, région, âge et répartition urbain / rural à la structure réelle de la population marocaine selon les chiffres du HCP.

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  • les marocains actuellement adoptent une confiance aveugle aux partis qui portent le nom Islam sans en connaitre d’avantage sur son projet, cette tendance est dangereuse dans le contexte ou on croit ou en pense croire que les membres d’un parti sont plus musulmans que d’autres, et peut avoir une conséquence à savoir le vote sur un parti extrémiste en cas de présentation en l’occurrence, mais heureusement qu’on a une monarchie ferme sur ces partis qui brisent les droits fondamentaux.

    L’islam étant une religion divine et sacrée ne doit figuré sur aucun slogan. La religion n’est pas un argument de vente.