Baisse du taux directeur : l’économiste Hassan Ouamane craint une possible hausse de l’inflation

Le Conseil de Bank Al-Maghrib a décidé mardi de réduire son taux directeur, pour la deuxième fois consécutive et la troisième fois depuis juin dernier, de 25 points de base, le ramenant à 2,25 %.

Par

DR

A ce sujet, l’économiste Hassan Ouamane a déclaré mercredi à TelQuel Arabi que “la politique monétaire keynésienne ne peut que renforcer la consommation des ménages et l’investissement des entreprises. Cependant, dans un contexte mondial difficile, il est probable que cela entraîne une augmentation supplémentaire de l’inflation”.

Quant aux principales raisons qui ont poussé Bank Al-Maghrib à réduire son taux directeur pour la deuxième fois consécutive, Ouamane explique que cette décision est motivée par la hausse du chômage et la faiblesse de l’investissement, entraînant une faible création d’emplois. Il souligne toutefois que Bank Al-Maghrib ne peut pas continuer à baisser indéfiniment les taux d’intérêt en raison d’une inflation déjà très élevée et de la fragilité structurelle de l’économie marocaine.

Interrogé sur la possibilité que cette baisse du taux directeur accentue la pression sur les réserves monétaires de Bank Al-Maghrib ou impacte la valeur de la monnaie nationale, l’expert affirme : “Je pense que ce n’est pas exact, car il ne s’agit pas ici d’une dévaluation du dirham, mais d’une politique économique visant à stimuler la croissance en réduisant le coût des crédits octroyés par les banques commerciales (comme la Banque Populaire, CIH, etc.) aux ménages (consommateurs) et aux entreprises (investisseurs).”

Concernant la capacité de Bank Al-Maghrib à concilier encouragement de la croissance économique via une baisse du taux directeur et nécessité de maintenir la stabilité des prix et lutter contre l’inflation dans les circonstances mondiales actuelles, il souligne que la tâche est complexe : “Si nous continuons à viser le premier objectif (la croissance), cela risque de compromettre le second objectif (maîtrise de l’inflation).”

à lire aussi

Il poursuit : “Si l’objectif recherché est la relance économique, comme c’est le cas actuellement, alors l’inflation deviendra un problème. À l’inverse, il est difficile d’atteindre ces deux objectifs simultanément.”

Interrogé sur les mesures éventuelles que Bank Al-Maghrib pourrait adopter pour limiter l’impact inflationniste d’une politique accommodante tout en poursuivant la relance économique, l’expert répond que “la situation est difficile et l’on ne peut qu’espérer une augmentation du produit intérieur brut (PIB)”.