Après la descente de colons juifs, un village palestinien sous le choc

“Ils venaient pour brûler, tuer et détruire” : Hassan Arman, dont la voiture a été incendiée dans la nuit lors d’une descente meurtrière de colons juifs sur son village de Cisjordanie occupée, assure n’avoir “jamais vu ça ici”.

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Des colonies israéliennes en Cisjordanie. Crédit: AFP

Dans la localité de Jit, les habitants palestiniens racontent leur nuit d’horreur de jeudi quand des dizaines de colons juifs ont fondu sur leur village, incendiant des maisons et des voitures, avant qu’un jeune ne tombe, mortellement touché par une balle.

La voiture calcinée de Hassan Arman témoigne de la violence. Tout en discutant, il inspecte la carcasse tout juste refroidie, et ouvre la portière qui ne tient plus qu’à un fil, brinquebalante. A l’intérieur, tout a fondu et il ne reste qu’un squelette de métal tordu.

Un peu plus loin, Mouawiya al-Sada fait visiter ce qui reste de son salon. Le tissu damassé du canapé est parti en fumée en quelques instants et le cadre en bois, gorgé d’eau jetée pour éteindre l’incendie, n’est plus que cendres. Les volets portent aussi les stigmates des engins incendiaires jetés par les vitres cassées.

“Ils ont d’abord incendié la maison d’à côté, puis sont venus ici, ont allumé des cocktails Motolov et les ont jetés à l’intérieur”, raconte Sada à l’AFPTV. “Ils”, ce sont “des dizaines” de colons, selon l’armée israélienne, qui dit les avoir “évacués” de Jit et avoir arrêté l’un d’eux, “un civil israélien ayant pris part à la violente émeute”.

Arman les a vus arriver. “Une centaine de colons ont débarqué, tous habillés pareil, ils avaient des couteaux, des armes à feu”, raconte-t-il. “Ils ont brûlé une maison puis sont venus vers la nôtre”, explique Sada. “Ils ont encore incendié d’autres maisons. Ensuite, on a entendu qu’un jeune était mort après qu’ils lui ont tiré dessus”, poursuit-il.

Pour l’Autorité palestinienne, c’est du “terrorisme d’État organisé”

Selon le ministère palestinien de la Santé, l’attaque a fait un mort tombé “sous les balles de colons” et un blessé grave. “L’armée (israélienne) n’est arrivée qu’ensuite”, affirme Sada. Pour l’Autorité palestinienne, c’est du “terrorisme d’État organisé”.

La Commission de résistance au Mur et à la colonisation de Jit indique que “quatre maisons et six voitures ont été incendiées”, et accuse “l’armée israélienne d’avoir protégé les colons et tiré des balles et des grenades assourdissantes et lacrymogènes sur les habitants du village”.

Entre le 7 octobre et le 12 août, l’ONU a recensé 1250 attaques de colons israéliens contre des Palestiniens, dont 120 ayant fait des victimes palestiniennes et 1000 ayant provoqué des dégâts matériels.

En avril, le meurtre d’un jeune berger israélien en Cisjordanie avait déclenché des descentes de colons armés sur plusieurs villages du nord et du sud du territoire, occupé depuis 1967 par l’armée israélienne.

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Depuis que le Hamas au pouvoir à Gaza a attaqué Israël le 7 octobre, l’armée israélienne bombarde sans répit la bande de Gaza. Mais les violences — et les annonces de construction de nouvelles colonies — ont aussi flambé en Cisjordanie.

Au moins 633 Palestiniens y ont été tués par l’armée israélienne ou des colons, selon un décompte de l’AFP d’après des données officielles palestiniennes, et au moins 18 Israéliens parmi lesquels des soldats dans des attaques palestiniennes ou durant des opérations de l’armée en zone autonome palestinienne, selon les données officielles israéliennes.

L’entreprise de colonisation israélienne en Cisjordanie est régulièrement dénoncée comme une violation du droit international par l’ONU, qui y voit un des obstacles majeurs, avec la poursuite des violences, à l’établissement d’une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens.

Israël lui fait la différence entre colonies légales et illégales au regard de sa loi.

Si plusieurs colons extrémistes siègent dans son gouvernement très à droite, ses dirigeants ont déjà dénoncé à plusieurs reprises les attaques de colons ces dernières années.

Il s’agit d’une minorité extrémiste qui porte préjudice à la population des colons respectueux des lois, à la colonisation dans son ensemble, et à (la réputation) d’Israël dans le monde, pendant une période particulièrement sensible et difficile”, écrivait ainsi jeudi soir le président israélien Isaac Herzog sur X.

La Maison Blanche a qualifié d’“inacceptables” ces violences.

Il y a plusieurs mois déjà, l’Union européenne, les Etats-Unis ou la Grande-Bretagne annonçaient des sanctions contre des colons israéliens.

En face, le ministre israélien de la Sécurité nationale, le colon d’extrême droite Itamar Ben Gvir, multiplie les autorisations de permis de port d’armes pour “renforcer la possibilité d’auto-défense”.

Dès lors, pour les Affaires étrangères palestiniennes, “la question se pose : comment ces gangs terroristes pourraient-ils rassembler 100 hommes avec des armes de Ben Gvir s’ils ne se sentaient pas protégés et soutenus politiquement ?