Après les législatives, des étudiants étrangers s’interrogent sur leur avenir en France

Au lendemain des élections législatives françaises marquées par une poussée de l’extrême droite, qui a fait campagne sur les thèmes de la préférence nationale et de la réduction de l’immigration, les étudiants étrangers se questionnent sur leur avenir dans le pays.

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On a quand même évité le pire du racisme et de l’obscurantisme frontal, mais je sens que ça va continuer à être hyper latent.” Kawder, une étudiante marocaine de 26 ans, songe à quitter la France.

Même si le Rassemblement national (parti d’extrême droite, ndlr) n’a pas la majorité à l’Assemblée nationale, tu sens vraiment qu’il y a un clivage social qui s’est fait”, remarque l’étudiante de l’Ecole des arts décoratifs, qui dit avoir constaté une recrudescence de gestes racistes et des “regards plus insistants” dans l’espace public ces dernières semaines.

Dans sa résidence étudiante parisienne, le malaise demeure malgré la défaite surprise de ce parti, arrivé en troisième position derrière le Nouveau Front Populaire (coalition de gauche) et le camp présidentiel, et ce, alors que le pays se cherche encore un nouveau gouvernement.

Brahim (prénom modifié), 26 ans, étudiant à Sciences Po et réfugié politique syrien, est arrivé en France depuis bientôt sept ans et entend y rester. Mais les élections lui ont “fait mal au coeur”, explique celui qui a effectué une remise à niveau scolaire en arrivant en France et a appris — parfaitement — le français avant d’intégrer la grande école en vue d’une carrière dans la finance.

Comme Kawder, il a entendu des remarques racistes et xénophobes dans la rue pendant la campagne des législatives. “Mon nouveau chez moi, mon nouveau pays ne veut pas de moi, quoi que je fasse pour m’assimiler et m’intégrer”, soupire-t-il.

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Il fait partie des plus de 410.000 étrangers inscrits dans l’enseignement supérieur français d’après les derniers chiffres officiels, qui datent de 2022-2023, soit 14% des étudiants, selon Campus France, l’établissement public chargé de la promotion de l’enseignement supérieur français à l’étranger et de l’accueil de ces étudiants et chercheurs.

Au lendemain du premier tour des législatives, les universités et grandes écoles de France ont publié un communiqué commun pour dire “non au Rassemblement national”, dont la politique “met en danger notre enseignement supérieur et la chance qu’il offre à toute la jeunesse”, selon elles.

Le parti d’extrême droite proposait notamment la mise en place d’une caution ou encore de quotas dans certains établissements pour limiter le nombre d’étudiants étrangers. En 2022, la présidente du groupe RN à l’Assemblée, trois fois candidate à la présidentielle pour ce parti, Marine Le Pen réclamait la préférence nationale pour les logements des Crous, un établissement public gérant des résidences universitaires notamment.

Selon une étude de Campus France en 2022, les étudiants internationaux rapportent 5 milliards d’euros à l’économie française, pour un bénéfice net de 1,35 milliard d’euros.

“Que des étrangers viennent étudier chez nous, c’est une chose dont il faut se féliciter, cela fait partie de notre influence mondiale”, avait reconnu le député RN Roger Chudeau fin juin. “Ensuite, ils pourraient retourner chez eux, demander à devenir français ou demander un titre de séjour”, avait ajouté ce spécialiste des questions d’éducation au sein du Rassemblement national.

Pas de quoi rassurer Ali Tchari, étudiant tchadien de 25 ans arrivé en France il y a trois ans, qui a vécu les élections dans “l’angoisse”. Quitter la France après ses études, l’étudiant en certificat professionnel à Sciences Po y a lui aussi pensé.

Désormais “rassuré”, il espère avoir “une opportunité et une chance” en évoquant l’arrivée de la gauche en tête en nombre de sièges à l’Assemblée nationale.

Sur la grande pelouse de la Cité internationale universitaire de Paris, un campus à l’américaine qui héberge 12.000 étudiants et chercheurs de 150 nationalités, Abraham Selano, Mexicain de 26 ans, n’est, lui, “pas vraiment” soulagé. “La réalité” d’une extrême droite forte “m’a frappé en pleine figure”, explique l’étudiant, qui aimerait cependant rester travailler en France.