L’agence, qui compte plus de 30.000 employés dans la région (Gaza, Cisjordanie, Liban, Jordanie et Syrie), est accusée par Israël d’employer “plus de 400 terroristes” à Gaza. Et 12 de ses employés sont accusés par les Israéliens d’avoir été directement impliqués dans l’attaque sans précédent du 7 octobre menée par le Hamas sur le sol israélien, qui a fait 1.160 morts, essentiellement civils, selon un bilan de l’AFP établi à partir de données officielles.
Des accusations qui ont entraîné la suspension de financements par certains pays donateurs, dont certains ont repris depuis.
Mais l’UNRWA, créée par l’Assemblée générale de l’ONU en 1949, “est la colonne vertébrale des opérations humanitaires” à Gaza, a répété mercredi devant le Conseil de sécurité de l’ONU son patron Philippe Lazzarini, dénonçant une campagne “insidieuse” pour mettre fin à ses opérations. “Démanteler l’UNRWA aura des répercussions durables”, a-t-il prévenu. “À court terme, cela va aggraver la crise humanitaire à Gaza et accélérer l’arrivée de la famine”, a-t-il noté.
La famine menace déjà le nord du territoire palestinien, où près de 34.000 personnes, la plupart des civils, ont été tuées depuis le début de l’offensive israélienne, selon le ministère de la Santé du Hamas.
“À long terme, cela mettra en danger la transition d’un cessez-le-feu vers ‘le jour d’après’ en privant une population traumatisée de services essentiels”, a insisté le chef de l’Agence qui gérait des écoles et hôpitaux à Gaza. “Cela rendra quasi impossible la tâche immense d’un retour à l’éducation pour près d’un demi-million de filles et de garçons profondément éprouvés. Échouer à offrir une éducation condamnera une génération entière au désespoir — alimentant la colère, la rancœur et les cycles sans fin de violence.”
Il a d’autre part rendu hommage aux 178 employés de l’UNWRA tués à Gaza, en observant avec l’ensemble des membres du Conseil une minute de silence pour tous les humanitaires tués depuis le début de l’offensive israélienne. Après les accusations d’Israël, l’ONU s’était immédiatement séparée des 12 employés concernés et une enquête interne, toujours en cours, avait été lancée.
Le secrétaire général Antonio Guterres a en parallèle confié à un groupe indépendant une mission d’évaluation de l’UNRWA et de sa “neutralité”. Sa présidente, l’ancienne ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, doit remettre son rapport final lundi.
“L’un des objectifs principaux de l’UNRWA est d’endoctriner les enfants palestiniens avec l’idée qu’ils peuvent détruire Israël par leur retour”, a de son côté affirmé l’ambassadeur israélien à l’ONU Gilad Erdan, évoquant son pays “inondé par des millions de descendants de réfugiés palestiniens”. “Il est temps de définancer l’UNRWA”, a-t-il plaidé, assurant que les ONG et d’autres agences de l’ONU pouvaient la remplacer.