Plusieurs fois reportée sur fond de chauds et froids récurrents entre les deux pays, la rencontre entre les présidents français et algérien aura bien lieu “à une date à préciser”, a indiqué l’Élysée dans un communiqué.
Elle interviendra quelques semaines avant le scrutin présidentiel en Algérie, prévu en décembre. Le président Tebboune, 78 ans, n’a pas encore annoncé s’il briguera ou non un deuxième mandat. Les deux chefs d’État ont évoqué l’approfondissement de leur partenariat, la question de la mémoire et le conflit au Proche-Orient.
France-Algérie, chauds et froids
La visite, programmée d’abord en mai 2023, avait été repoussée à juin de la même année, les Algériens craignant alors qu’elle ne soit gâchée par les manifestations du 1er mai contre la très contestée réforme des retraites en France, selon des sources concordantes.
Mais Abdelmadjid Tebboune n’a ensuite jamais confirmé sa venue, qui devait consacrer l’embellie entre les deux pays après nombre de crises diplomatiques. Il s’était en revanche rendu au même moment en visite d’État en Russie, ce qui avait été perçu comme un désaveu envers Paris.
En décembre, Alger assurait encore que les conditions d’une visite n’étaient “pas idoines”, évoquant alors cinq dossiers à régler au préalable, dont ceux de la mémoire, la mobilité, la coopération économique et des essais nucléaires français dans le Sahara algérien.
Avancées mémorielles
“Les deux présidents ont évoqué l’approfondissement du partenariat renouvelé entre la France et l’Algérie dans la suite de la déclaration d’Alger” conclue lors de la visite d’Emmanuel Macron à Alger en août 2022, a précisé l’Élysée. Ce partenariat renouvelé doit intervenir “sur le plan économique, énergétique, agricole, éducatif et culturel ainsi qu’en matière de mobilités et d’échanges humains”, a souligné la présidence française.
“S’agissant des questions mémorielles, ils se sont félicités des récentes avancées de la Commission mixte franco-algérienne d’historiens présidée par les professeurs Mohamed Lahcen Zeghidi et Benjamin Stora, qui se réunira de nouveau en avril”, a-t-elle ajouté. La question de la colonisation française (1830-1962) pèse encore très lourd entre les deux pays. Le pouvoir algérien issu de la guerre d’indépendance (1954-1962) y puise sa légitimité.
Une véritable “rente mémorielle”, avait lancé Emmanuel Macron en 2021, après avoir tenté en vain de sceller la réconciliation entre les deux pays, suscitant alors la colère d’Alger.
Questions régionales
Lors de leur entretien téléphonique, les deux présidents “ont également évoqué les questions régionales et la coopération au Conseil de sécurité des Nations unies, s’agissant notamment du conflit au Proche-Orient”, a déclaré l’Élysée.
Les États-Unis ont mis leur veto en février au Conseil de sécurité à un projet de résolution présenté par l’Algérie qui exigeait “un cessez-le-feu humanitaire immédiat” à Gaza.
Le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin s’était rendu en novembre à Alger, où il avait été reçu par le président algérien, pour évoquer notamment “la lutte contre la criminalité organisée”, les “migrations” ainsi que les “conséquences de la crise” au Proche-Orient.
Par ailleurs, les relations entre Paris et Alger fluctuent également au rythme de celles de la France et du Maroc, rival de l’Algérie. Ces derniers mois, la France a essuyé des déboires avec les deux pays. Elle a réenclenché en février un processus de réchauffement avec Rabat, sans plomber, semble-t-il, les discussions avec Alger.
(avec AFP)