L’ONU demande à Israël de pouvoir enquêter sur les violences sexuelles présumées du Hamas

Le Haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Volker Türk, a fait état d’“accusations très graves” de violences sexuelles commises par les membres du Hamas lors de l’attaque du 7 octobre, et demandé à Israël de permettre à ses services d’enquêter.

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Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, le 27 février 2023 à Genève. Crédit: Fabrice Coffrini / AFP

Il y a des accusations très, très graves et il faut enquêter dessus, il faut documenter correctement” les faits, a-t-il déclaré mercredi lors d’une conférence de presse à Genève. “Nous prenons ces accusations très au sérieux”, a-t-il affirmé, mais “il faut examiner précisément s’il s’agit d’un acte prémédité, généralisé et systématique”. “Je ne suis pas en état de le confirmer”, a-t-il aussi avancé.

Il a souligné que depuis des semaines, il avait “demandé aux autorités israéliennes (…) de déployer une équipe, mon équipe, pour surveiller, documenter, enquêter sur les questions relatives aux horribles attaques contre les Israéliens”. “J’ai réitéré cet appel et j’espère qu’il sera entendu, mais jusqu’à présent, je n’ai reçu aucune réponse”.

Bien qu’il soit plus facile d’enquêter sur le terrain, Volker Türk a assuré qu’il allait néanmoins trouver “d’autres moyens de parler à toute personne avec qui nous devons le faire”.

“Les formes atroces de violence sexuelle doivent faire l’objet d’enquêtes approfondies et nous devons veiller à ce que justice soit rendue. C’est ce que nous devons aux victimes”, a encore relevé le Haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme.

Les déclarations de Volker Türk s’inscrivent dans un contexte de critiques croissantes à l’encontre de l’ONU pour son manque de réactivité face aux viols et autres violences sexuelles qui auraient été commis lors de l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien en Israël, le 7 octobre.

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Avant même le début des examens médico-légaux, une abondance d’images témoignait de la nature effroyable des attaques, avec des photos partagées en ligne et des séquences diffusées en direct par les militants le jour où ils tuaient 1200 personnes, pour la plupart des civils, selon les autorités israéliennes.

En réponse, Israël a juré de détruire le groupe en menant des bombardements et une offensive terrestre dans la bande de Gaza, tuant plus de 16.200 personnes, des femmes et des enfants pour la plupart, selon le Hamas. Celui-ci a catégoriquement rejeté les accusations de viols et de violences sexuelles lors des attaques du 7 octobre, les qualifiant de “mensonges infondés”.

De son côté, la police israélienne affirme avoir relevé des preuves de violences sexuelles, notamment des présomptions de viols collectifs et de mutilations post-mortem. La semaine dernière, un responsable de la police a déclaré avoir recueilli jusqu’à présent “plus de 1500 témoignages choquants et durs”.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui a accusé à plusieurs reprises le groupe palestinien de tels actes, a déclaré mardi que lors d’une rencontre avec des otages libérés par le Hamas, il avait entendu parler “de cas d’agressions sexuelles et de viols cruels”.

La colère suscitée par ces actes présumés n’a cessé de croître, et le président américain Joe Biden a appelé cette semaine les gouvernements et les organisations internationales à “condamner fermement et sans équivoque les violences sexuelles commises par les terroristes du Hamas”.

Des militants ont estimé que les réactions de l’ONU ne prenaient pas la mesure des faits, et accusé la communauté mondiale des droits de l’Homme de trahison. Les Nations unies ont commencé à exprimer des positions plus fermes à partir de la semaine dernière, notamment via des déclarations du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, et de l’agence ONU Femmes.

Mercredi matin, sur X, Catherine Russell, directrice de l’agence des Nations unies pour l’enfance (Unicef), a qualifié d’“horribles” les récits de violences sexuelles du 7 octobre. “Les survivantes doivent être entendues, soutenues et soignées. Les allégations doivent faire l’objet d’une enquête approfondie. Nous condamnons la violence fondée sur le genre et toutes les formes de violence à l’encontre des femmes et des filles”, a-t-elle ajouté.

Cette réaction a été tardive et insuffisante, a estimé le porte-parole du ministère des Affaires étrangères israélien, Lior Haiat, regrettant qu’il “ait fallu près de deux mois à l’Unicef pour parler des victimes israéliennes (…) après une campagne internationale et des pressions”, dans un message à l’AFP.

Il a également déploré que Catherine Russell ne mentionne pas le Hamas dans son message sur X : “C’est une autre façon de fermer les yeux sur les atrocités commises par le Hamas.” “En ne mentionnant pas le Hamas, elle légitime ses activités”, a-t-il ajouté.