Le SNPM réagit à l’éviction d’Abdessamad Nasser, présentateur marocain d’Al Jazeera

En réaction à l’expulsion du journaliste marocain Abdessamad Nasser de la chaîne Al Jazeera après 26 ans de services, le Syndicat national de la presse marocaine dénonce “un lobby algérien” au sein et en dehors de la chaîne qatarie, ainsi que des interventions et des pressions exercées par l’ambassade d’Algérie à Doha pour imposer “une orientation hostile” aux intérêts du Maroc au sein de la chaîne et dans son contenu médiatique.

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Abdessamad Nasser. Crédit: DR

Dans un communiqué, le syndicat a déclaré qu’il avait rapidement entrepris les enquêtes nécessaires concernant l’expulsion du collègue Nasser, révélant un certain nombre de faits.

Licencié pour un tweet

Parmi les faits mentionnés, le collègue Abdessamad Nasser “a publié un tweet sur Twitter défendant l’honneur des femmes marocaines, après avoir été méprisées par un média algérien officiel, qui a accusé l’État marocain de ‘trafic d’honneur et de dignité des femmes marocaines’. Après la publication du tweet, le directeur des actualités de la chaîne Al Jazeera, de nationalité algérienne, l’a appelé, exigeant qu’il supprime le tweet”. La réponse du journaliste Abdessamad a été un refus, “car il s’agit de la liberté d’expression dans un espace qui n’engage pas la chaîne”.

Le syndicat indique qu’ensuite, “le directeur général de la chaîne l’a appelé et l’a reçu dans son bureau, lui demandant de supprimer ou de modifier le tweet, de manière à ce qu’il ne soit pas compris comme une diffamation envers l’État algérien, et que s’il refusait, il serait contraint de prendre des mesures administratives répressives”. Cependant, Abdessamad Nasser “a insisté sur son refus de répondre à la demande et a souligné que le tweet relevait du cœur de l’exercice de la liberté d’expression dans un espace qui ne concerne pas Al Jazeera Qatar”.

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Peu de temps après cette réunion, la direction de la chaîne Al Jazeera a annoncé la décision de mettre fin au contrat du collègue Abdessamad Nasser de manière unilatérale, ce qui signifie un licenciement arbitraire d’un collègue qui a exercé son droit naturel d’exprimer son opinion en dehors du cadre du média pour lequel il travaillait”, ajoute le communiqué.

Selon les sources du syndicat — des “données précises et vérifiées” —, “certains journalistes travaillant pour la même chaîne et pour ses chaînes sportives affiliées n’ont pas ménagé leurs efforts pour commettre à plusieurs reprises des diffamations contre l’État marocain et ses institutions, y compris des attaques contre l’institution monarchique de notre pays. Cependant, la direction de la chaîne Al Jazeera Qatar n’a rien fait malgré la grande agitation qui l’a accompagnée. Cela signifie, à la lumière de la décision arbitraire prise à l’encontre du collègue Abdessamad Nasser, une bénédiction pour ces comportements irresponsables”.

Note de protestation

Le syndicat a annoncé qu’il enverrait une note de protestation à la direction de la chaîne qatarie et au Centre pour la liberté de la presse qui lui est affilié, et qu’il s’adresserait à la Fédération internationale des journalistes et à l’Union générale des journalistes arabes.

Le syndicat a également déclaré qu’il prévoyait d’organiser un sit-in devant le bureau d’Al Jazeera à Rabat prochainement, appelant tous les journalistes travaillant pour Al Jazeera à exprimer leur solidarité avec un collègue victime d’un licenciement abusif en raison de l’exercice légitime de son droit d’expression.

Le syndicat a considéré que la décision arbitraire de licenciement subie par le collègue Abdessamad Nasser “porte atteinte à la crédibilité de la chaîne Al Jazeera et vide ses slogans relatifs à la liberté d’expression et de publication, à l’indépendance du journaliste et à la défense de sa dignité, de leur contenu, les transformant en simples slogans creux”.