Une société israélienne de logiciels espions interdite de vendre son logiciel à des pays, dont le Maroc

Une société israélienne de logiciels espions aurait été contrainte de fermer ses portes après que le gouvernement israélien l’a empêchée de conclure des accords pour vendre son logiciel de surveillance hautement intrusif à des pays étrangers, dont le Maroc, rapporte le journal israélien “Hareetz”.

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Le Maroc est soupçonné d’être un client du groupe israélien NSO, développeur du logiciel espion Pegasus, et à présent de Quadream. Crédit: DR

Selon un article paru mardi dans Haaretz, QuaDream, une société israélienne comparable au très controversé NSO Group, a dû mettre la clé sous la porte lorsqu’elle s’est retrouvée dans l’incapacité de concrétiser plusieurs accords à l’étranger.

Le produit phare de QuaDream, REIGN, comprenait des fonctionnalités telles que des “enregistrements d’appels en temps réel, activation de la caméra avant et arrière” et “activation du microphone”, selon une brochure de l’entreprise reprise par Citizen Lab, un organisme de surveillance d’Internet basé au Canada.

L’article du journal israélien cite cinq sources affirmant que QuaDream a décidé de fermer ses portes après avoir échoué à obtenir l’autorisation du ministère de la Défense pour vendre REIGN à de nouveaux clients.

Journalistes et activistes pour cibles

La société a fermé le mois dernier, quelques jours seulement après la publication d’un rapport approfondi sur son utilisation pour cibler des journalistes et des activistes.

Citizen Lab a identifié des clients du programme REIGN de QuaDream en Bulgarie, en République tchèque, en Hongrie, au Ghana, en Israël, au Mexique, en Roumanie, à Singapour, aux Émirats arabes unis et en Ouzbékistan. Il y a deux ans, il a été signalé que QuaDream vendait ses logiciels espions à l’Arabie saoudite par l’intermédiaire d’une société-écran à Chypre.

Haaretz a rapporté que dans le contexte des retombées continues des ventes et des activités de NSO Group dans le monde entier, le gouvernement israélien a réprimé QuaDream, qui a été contrainte de se retirer de plusieurs accords avec des nations étrangères, même si les discussions initiales avaient reçu l’approbation d’Israël.

Le Maroc pointé du doigt

Le plus important de ces accords aurait été conclu avec le Maroc, qui a été accusé à plusieurs reprises ces dernières années d’utiliser des logiciels espions pour cibler des militants des droits de l’Homme et des journalistes.

Rabat aurait également utilisé le logiciel Pegasus de NSO Group contre le président français Emmanuel Macron — une accusation démentie par le Maroc, qui affirme n’avoir jamais acheté le logiciel et a intenté des poursuites contre des médias français et Amnesty International.

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Mise en place en mars 2022 afin d’enquêter sur la potentielle utilisation du logiciel espion Pegasus par le Maroc, la commission d’enquête du Parlement européen a attesté, le 8 mai dans un rapport, d’un manque de preuves tangibles impliquant les services de renseignements marocains.

Selon Haaretz pourtant, NSO Group n’a pas réussi à obtenir l’approbation du ministère de la Défense pour renouveler son contrat avec le Maroc. Bill Marczak, chercheur de Citizen Lab, a déclaré au Wall Street Journal le mois dernier que la technologie de piratage de QuaDream est aussi sophistiquée que celle de NSO Group, bien que ce dernier ait pris plus de précautions que le groupe plus connu pour dissimuler ses traces sur les appareils ciblés par ses logiciels espions.