Pegasus : pas de preuves contre le Maroc selon la commission d’enquête du Parlement européen

Mise en place en mars 2022 afin d’enquêter sur la potentielle utilisation du logiciel espion Pegasus par le Maroc, la commission d’enquête du Parlement européen a attesté, lundi 8 mai dans un rapport, d’un manque de preuves tangibles impliquant les services de renseignements marocains.

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Le siège de NSO Group dans la localité israélienne d’Herzliya, à proximité de Tel Aviv. Crédit: JACK GUEZ / AFP

Après un combat acharné du spécialiste en cybersécurité et en logiciels d’espionnages Jonathan Scott, dont une des publications est un whitepaper disculpant le Maroc dans le cadre de l’affaire Pegasus, c’est au tour de la commission d’enquête du Parlement européen de reconnaître l’absence de preuves permettant d’accuser le Maroc, dans un rapport qui a été adopté ce lundi 8 mai avec 30 voix pour, 3 contre et 4 abstentions.

Signé par Sophie in’t Veld, eurodéputée néerlandaise du parti Démocrates 66, le rapport est également accompagné d’un texte présentant des recommandations, lui aussi approuvé avec 30 voix pour, 5 contre et 2 abstentions.

Après un rappel des circonstances dans lesquelles le logiciel espion de la société NSO a été acheté et utilisé en Europe, le rapport met en exergue le contexte juridique accompagnant cette affaire, notamment en ce qui concerne le code de procédure pénale, auquel a été introduit, en 2016, l’article 168a, qui garantit désormais que les preuves recueillies en violation de la loi”, dites « fruits de l’arbre empoisonné, telles que les informations recueillies par l’utilisation de Pegasus, peuvent être présentées au tribunal”.

“Il n’y a pas de preuve d’espionnage, car le Maroc n’a pas espionné”

Si de nombreux eurodéputés continuent de pointer du doigt le Maroc comme un potentiel coupable d’espionnage, notamment en ce qui concerne les téléphones portables du Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, de la ministre espagnole de la Défense Margarita Robles, du ministre espagnol de l’Intérieur Fernando Grande-Marlaska, ainsi que du ministre espagnol de l’Agriculture Luis Planas, ces informations n’ont pas été confirmées”, affirme le rapport de 56 pages, dans lequel le Maroc est peu cité.

En effet, le rapport ne compte qu’une seule affirmation d’espionnage par les services secrets du Maroc. Celle-ci concerne l’ex-ministre italien et ancien envoyé spécial des Nations Unies pour le Sahel, Romano Prodi, qui aurait pu être une cible intéressante pour le Maroc, compte tenu de son éventuel réseau avec des personnalités de haut niveau au Sahara occidental [sic] ou en Algérie”.

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“Il n’y a pas de preuve d’espionnage, car le Maroc n’a pas espionné”, a quant à lui affirmé l’expert en cybersécurité Jonathan Scott sur son compte Twitter le 9 mai.

Dans ce même tweet, le spécialiste indique qu’il s’agit d’une “chasse aux sorcières menée par Amnesty et CitizenLab”, les deux organismes à l’origine des accusations d’espionnage, et que “le problème est que bien que la commission PEGA ne dispose d’aucune preuve d’espionnage par le Maroc, le Parlement européen a quand même condamné le Maroc et signé une résolution contre le royaume”.