Près de 60% des élèves marocains n’ont pas le niveau minimum de maîtrise de la lecture, selon l’étude PIRLS 2021

L’IEA (International Association for the Evaluation of Educational Achievement) a publié les résultats de la cinquième édition de l’étude internationale sur le progrès en littératie (PIRLS 2021) à laquelle a participé un échantillon d’établissements scolaires en septembre 2021, dont l’agenda a été impacté par la pandémie de Covid-19 au cours de l’année scolaire 2021/2020.

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Quand il dirigeait la Commission spéciale sur le modèle de développement, Chakib Benmoussa a visité plusieurs écoles et échangé notamment avec des élèves. Ils sont aujourd’hui au cœur de son projet de réforme. Crédit: Yassine Toumi / TelQuel

Dans un communiqué publié mercredi 17 mai, le ministère de l’Éducation nationale précise que cette étude internationale, à laquelle le Maroc participe régulièrement depuis sa première édition en 2001, vise à évaluer les performances des systèmes éducatifs au niveau international dans le domaine de la maîtrise des compétences en lecture des élèves dans la langue enseignée au primaire (la langue arabe en ce qui concerne les élèves marocains), ainsi qu’à scruter les intersections de la performance des pays participants avec un certain nombre de variables explicatives permettant de trouver les bases nécessaires pour élaborer des politiques pour développer ces compétences.

Le Maroc avant-dernier de la classe

“Le Maroc a participé à cette session avec des échantillons représentatifs de toutes les régions du royaume, comprenant un total de 7017 élèves du quatrième niveau de l’enseignement primaire, 7017 parents et tuteurs, et 266 professeurs d’arabe représentant 266 écoles primaires. Le score moyen des élèves marocains est de 372 points, avec un écart de 128 points par rapport à la moyenne internationale fixée à 500 points”, indique le communiqué, notant que le Maroc est ainsi classé 56e sur 57 pays ou économies participant à PIRLS 2021.

Selon la même source, “même si une légère amélioration a été constatée lors de la session 2021, avec une différence positive de 15 points et 47 points par rapport aux sessions précédentes de 2016 et 2011, respectivement, la performance globale des élèves marocains reste bien en deçà des performances souhaitées. Les résultats montrent que 59 % de nos élèves se situent en dessous du niveau minimum de maîtrise de la lecture”.

Ces résultats renforcent les différents diagnostics nationaux et internationaux qui ont révélé la crise des apprentissages que traverse le système éducatif au Maroc, et appuient la nécessité de la démarche de transparence, et de responsabilité adoptée par le ministère de l’Éducation nationale dans le cadre de la Feuille de route 2022-2026.

Vers un changement de paradigme

Il s’agit aujourd’hui de changer le paradigme d’apprentissage des enfants appuyé par la science et la recherche, pour permettre ainsi à l’école publique de jouer son rôle d’ascenseur social, souligne le communiqué, soutenant que grâce à une politique ambitieuse et volontariste, avec une augmentation annuelle de 7 % du budget de l’éducation pendant 5 ans, l’objectif réaliste pour 2026 est d’éradiquer les très grands retards d’apprentissage à la fin du primaire et que les enfants maîtrisent les fondamentaux leur permettant ainsi de poursuivre leur scolarité.

La politique menée par le ministère dans la cadre de la feuille de route vise une amélioration importante pour l’édition PIRLS 2026, en assurant une offre de préscolaire gratuite efficace et attractive garantie par l’État, permettant aux enfants d’être mieux outillés pour aborder leur primaire.

Le Maroc est ainsi classé 56e sur 57 pays ou économies participant à PIRLS 2021.Crédit: Yassine Toumi / TelQuel

L’État mène une politique volontariste pour assurer aux enfants dès l’âge de 4 ans un préscolaire de qualité, gratuit et en cours de généralisation. Cette année, le préscolaire public géré par les partenaires et régulé par l’État a accueilli 571.301 enfants, soit une augmentation de 11 % par rapport à l’année passée et une réduction de 19 % du préscolaire non organisé.

Il s’agit aussi d’adopter une logique de transparence dans le suivi de tous les élèves, où chacun aura un livret de compétences qui indiquera les savoirs acquis, non acquis et en cours d’acquisition et qui sera partagé avec les parents et les acteurs de l’équipe pédagogique, ainsi que d’assurer des compétences fondamentales en lecture pour tous les élèves via une opération massive de remédiation en cours pour mettre à niveau les élèves sur les fondamentaux et repartir sur de bonnes bases à travers le programme TaRL (Teaching at the Right Level), méthode qui a fait ses preuves dans le monde. Les résultats du programme suivi et évalué par des experts nationaux et internationaux sont prometteurs. À la rentrée prochaine, près de 400.000 élèves vont en bénéficier.

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Le quatrième point consiste en l’effort considérable déployé pour développer le goût des élèves pour la lecture. En 2026, toutes les classes des écoles primaires auront accès à une bibliothèque de classe, des livres de qualité, avec une pratique régulière de la lecture. Cette année, au primaire, plus de 30.000 salles de classe seront équipées de bibliothèques, avec plus d’un million d’élèves bénéficiaires.

Améliorer les méthodes d’enseignement

À cela s’ajoute, enfin, l’amélioration des méthodes d’enseignement pour favoriser la compréhension des textes. En plus de la révision de la programmation détaillée de l’enseignement pour alléger et rendre plus progressif l’apprentissage selon le rythme de l’élève, de nouvelles méthodes d’enseignement à l’efficacité démontrée par la recherche (Enseignement explicite) ont été introduites. Ces nouvelles méthodes exigent qu’un enseignant ne passe à la leçon suivante qu’après s’être assuré que les élèves ont bien compris. Un dispositif didactique complet est donné à l’enseignant pour lui faciliter la mise en œuvre de ces méthodes efficaces.

L’approche globale et systémique du ministère dans le cadre de la Feuille de route 2022-2026, se concentre sur le cœur des lieux d’apprentissages, dans les classes, pour rattraper les retards accumulés (approche curative), changer la pédagogie pour que le système devienne efficace en évitant l’accumulation de nouvelles lacunes (approche préventive), et ouvrir les enfants sur les mutations du monde notamment à travers des activités parascolaires renforcées, rappelle le communiqué.

Pour cela, conclut le communiqué, les enseignants sur lesquels repose la réussite de cette réforme bénéficient d’une attention particulière et ont été largement associés pour définir leur rôle dans la réussite de leurs élèves. Le statut de l’enseignant a été valorisé, son métier transformé grâce à une refonte de la formation, aux changements des critères de recrutement et à l’introduction inédite de considérations de performances. Enfin les conditions d’accueil des enfants dans les établissements sont traitées pour être optimales.

(avec MAP)