Dans un communiqué conjoint parvenu mercredi 12 avril à la MAP, la FMEJ et la FNJIC-UMT affirment avoir pris connaissance avec étonnement du contenu d’un projet de loi prévoyant la création d’une Commission provisoire de gestion du secteur de la presse et de l’édition qui sera à l’ordre du jour du Conseil de gouvernement jeudi prochain, qualifiant ce projet d’“anticonstitutionnel, nuisible à l’image du royaume dans le domaine des droits de l’Homme”, marquant “un recul gravissime en matière d’indépendance de la presse dans notre pays, et ce en raison de l’ingérence de l’appareil exécutif dans l’autorégulation de la profession”.
Un “projet ubuesque”
“Au moment où l’opinion publique professionnelle attendait l’application de l’article 54 de la loi régissant le Conseil national de la presse (CNP) ainsi que la mise sur pied d’une commission de supervision des élections sous la présidence d’un magistrat, nous voici aujourd’hui face à un projet de prolongation effective d’une composante dudit Conseil avec le président sortant et une autre composante constituée des présidents de commissions appartenant aux deux organisations professionnelles opposées aux élections et aussi une exclusion flagrante des deux composants du Conseil, la Fédération marocaine des éditeurs des journaux et la Fédération nationale du journalisme, de l’information et de la communication affiliée à l’Union marocaine du travail (UMT)”, relève le communiqué.
Plus étonnant encore, ajoute le communiqué, “ce projet de loi accorde à ladite commission toutes les prérogatives du CNP dans les domaines disciplinaires, d’arbitrage, de réhabilitation ou encore l’octroi et le retrait de la carte de presse, lesquelles attributions étaient confiées à cinq comités, mais ce projet exclut délibérément deux comités pour la simple raison que leurs présidents appartiennent à la FMEJ, outre l’exclusion du représentant de l’UMT qui était lors des précédentes élections en tête de la liste des représentants des journalistes”.
En conséquence, les deux fédérations considèrent que “la prolongation pour deux années d’une composante du Conseil est en réalité une nomination sous une autre forme et avec la complicité de l’administration, contre l’intérêt du pays et du droit des journalistes de choisir leurs représentants et favorisant l’injustice en confiant à une partie opposée au choix démocratique la responsabilité de renouveler les structures du Conseil et d’avoir la mainmise sur les entreprises de presse et leur personnel”.
La même source note que l’article 28 de la Constitution, qui incite les pouvoirs publics à promouvoir l’autorégulation, rend ce projet de loi inconstitutionnel, observant que “la promulgation d’une nouvelle loi portant sur une nouvelle structure du CNP tout en se basant sur la loi relative à la création dudit Conseil signifie que cet organisme est régi par deux lois, ce qui est illégal”.
“Pour tout cela et autres détails qui portent atteinte à l’image du royaume et à sa réputation dans le domaine des droits l’Homme, nous demandons au chef du gouvernement de geler ce projet”. Les deux fédérations appellent aussi les autorités chargées de la communication à ne pas rester dans la position de partie dans ce dossier et à faire au contraire montre de sérieux dans le traitement des questions professionnelles et à cesser de renier ses accords et ses engagements envers les partenaires.
Les deux fédérations assurent enfin qu’elles combattront ce “projet ubuesque” avec tous les moyens juridiques possibles, appelant “les sages du pays à mettre un coup d’arrêt à ce laisser-aller qui n’a pas sa place dans un pays résolument engagé sur le chemin du pluralisme et de la démocratie”.
(avec MAP)