Policier assassiné à Casablanca : les détails du BCIJ sur la piste terroriste

Les services du BCIJ ont révélé, ce vendredi 17 mars à Salé, les premières conclusions de l’enquête judiciaire sur le meurtre d’un policier disparu, début mars, dans des conditions suspectes. Entre allégeance à Daech, tentative de rejoindre le Sahel et intention de perpétrer d’autres actes terroristes, trois suspects ont été arrêtés à Casablanca et à Sidi Harazem.

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Rachid Tniouni/TelQuel

Survenu début mars dans des circonstances mystérieuses, l’homicide commis contre un agent de police de Casablanca est désormais élucidé. Ce vendredi 17 mars, le directeur du BCIJ Cherkaoui Habboub a révélé que le mobile terroriste de cette opération d’assassinat du policier et de combustion de son corps a été confirmé immédiatement après l’arrestation de trois suspects.

Le responsable sécuritaire a livré à cette occasion les détails sur une cellule de Daech impliquée dans ce crime d’assassinat avec préméditation d’un agent de l’ordre dans l’exercice de ses fonctions, de mutilation de son corps et de saisie de son arme.

Selon les données auxquelles les enquêteurs ont eu accès, les suspects ont récemment déclaré leur affiliation à l’organisation terroriste “après que l’un d’entre eux a récité ce qu’ils considèrent comme le prétendu serment d’allégeance, répété par les autres suspects en indiquant leur implication dans l’organisation et en s’inscrivant dans un projet collectif qui vise à porter gravement atteinte à l’ordre public”, a notamment expliqué Cherkaoui Habboub.

L’arme du policier retrouvée

On apprend dès lors que le chef présumé de cette cellule a 31 ans, 37 ans pour le deuxième suspect, et qu’ils ont tous deux participé à commettre ce crime d’assassinat avec préméditation et de mutilation du corps du policier. Ils ont tous deux été arrêtés à Casablanca. Le troisième suspect, 50 ans, arrêté à Sidi Harazem, a activement participé à “occulter les preuves après avoir délibérément mis le feu à la voiture de la victime”, rapporte le responsable.

Dans ce sillage, l’équipe d’enquêteurs du BCIJ a réussi à localiser la voiture du défunt, retrouvée calcinée dans la région de Had Soualem (province de Berrechid), mais aussi à récupérer l’arme du défunt policier avec les cinq balles volées. “Les expériences balistiques réalisées par le laboratoire de police scientifique et technique ont confirmé que cette arme n’a pas été utilisée par les personnes impliquées”, précise le patron du BCIJ.

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Selon les informations actuellement disponibles, les suspects prévoyaient de rejoindre les camps de l’État islamique dans la région du Sahel. C’était avant de renoncer à cette entreprise en raison du “manque de sources de financement suffisantes pour assurer leur déplacement, ce qui les a incités à adopter une proposition alternative qui consiste à mener des opérations terroristes locales ciblant les forces de l’ordre et les agences bancaires”, a indiqué le même responsable.

S’agissant des circonstances du meurtre, Habboub a déclaré que “les suspects ont adopté une tactique de terrorisme individuel, avant de s’emparer des menottes du policier et de son arme de fonction, dans le but de prendre d’assaut des agences bancaires afin de financer leurs plans terroristes”. Une agence cible a d’ailleurs été identifiée selon l’enquête menée, sachant que les suspects arrêtés “ont déjà effectué des tournées de reconnaissance autour de sa zone, et se sont mis d’accord sur une méthode d’attaque” a-t-il poursuivi.

Confiées par le ministère public au BCIJ, les procédures de recherche se poursuivent à l’heure où nous mettons en ligne, en coordination avec les services de la DGSN. Objectif : “repérer tout autre lien possible avec cet acte terroriste, et déterminer toutes les personnes supposées avoir participé ou contribué à sa commission”, a annoncé Habboub.

Fausses pistes à Ouarzazate et Saïdia

Outre la récupération de l’arme du policier assassiné, les investigations menées ont permis de retrouver la trace de deux véhicules ayant servi aux déplacements des trois suspects, soit une Dacia de couleur blanche et une Clio 4 rouge. Cherkaoui Habboub n’exclut pas l’hypothèse d’un endoctrinement récent. C’est que les suspects “ont annoncé leur serment d’allégeance il y a tout juste un mois, ce qui rend plus probable cette hypothèse, compte tenu de leur faible niveau d’instruction, rendant facile leur attraction, en particulier via le Dark web”, a-t-il justifié.

Commissaire divisionnaire de police et porte-parole de la DGSN et de la DGST, Boubker Sabik a déclaré au cours de cette conférence que “les forces de l’ordre ne sont pas elles-mêmes la cible de la cellule terroriste impliquée” dans le crime survenu il y a deux semaines. “Les membres de cette cellule visaient à provoquer des crimes horribles pour semer la terreur. Leur objectif était également de saisir des armes fonctionnelles et de passer à l’exécution d’opérations terroristes”, a souligné Sabik, insistant sur le fait que “le policier assassiné n’était pas la cible en tant que personne”.

Le porte-parole rapporte également que les services d’investigation ont eu affaire à des scènes de crime fournissant un ensemble d’indices. “Les enquêteurs sont allés jusqu’à Ouarzazate et ont amené des suspects qui n’avaient finalement rien à voir avec le crime, puis sont allés à Saïdia… jusqu’à ce que nous aboutissons à l’hypothèse d’acte terroriste apparu après l’arrestation du premier membre de la cellule”, a retracé Sabik.

Le directeur du BCIJ a par ailleurs indiqué que cette opération de démantèlement de cellule coïncide avec un projet terroriste imminent dont les risques ont été neutralisés par les services de sécurité de Safi en collaboration avec la DGST. Il s’agit dans ce cadre d’un “extrémiste fidèle à Daech arrêté le mercredi 15 mars, après avoir prêté allégeance au prétendu émir de cette organisation terroriste”. Ce dernier ayant “documenté son allégeance sur un contenu numérique qui signalait son passage à l’étape d’exécution concrète de son projet terroriste”, a signalé Habboub Cherkaoui.