Si quelque chose me faire perdre le sommeil, c’est la façon dont la défiance grandit et dont certains pays aujourd’hui alimentent cette défiance”, a confié Anne Beathe Tvinnereim lors d’une rencontre avec la presse étrangère.
“Je ne pense pas que ce soit une coïncidence que (le chef de la diplomatie russe, Sergueï) Lavrov ait fait plusieurs voyages en Afrique et nous voyons l’intérêt de la Chine pour l’Afrique”, a-t-elle ajouté. “C’est juste un exemple parmi d’autres (qui montre) pourquoi il est important que des pays comme la Norvège et ses pairs ne se retirent pas, mais qu’au contraire nous augmentions notre soutien international (…), car les pays en développement ont besoin de savoir qu’ils ne sont pas oubliés”, a-t-elle dit.
“Je pense que c’est dans l’intérêt de la Norvège et des Occidentaux de repousser cette polarisation avec tous les moyens à notre disposition, y compris l’aide au développement”
Elle a aussi souligné la nécessité que l’aide à l’Ukraine n’occulte pas les autres crises et le besoin d’assurer la sécurité alimentaire ailleurs dans le monde. Les pays pauvres “n’ont pas choisi d’être impliqués dans cette brouille”, a-t-elle fait valoir.
“Je pense que c’est dans l’intérêt de la Norvège et des Occidentaux de repousser cette polarisation avec tous les moyens à notre disposition, y compris l’aide au développement”. “Nous ne pouvons courir le risque d’en arriver à une situation où les pays en développement ont le sentiment que c’est l’Ouest contre le reste”, a-t-elle insisté.
À côté d’une aide massive à l’Ukraine — 75 milliards de couronnes (6,8 milliards d’euros) sur cinq ans —, la Norvège va allouer cette année 5 milliards de couronnes supplémentaires aux pays pauvres victimes des retombées du conflit, notamment du fait du renchérissement des denrées alimentaires.
Mais le gouvernement de centre gauche a été vivement critiqué pour avoir rompu, dans son budget pour 2023, avec la tradition qui veut que le riche pays scandinave consacre 1 % de son revenu national brut à l’aide au développement.
Cette année, Oslo devrait y dédier 0,97 %. Un écart qu’Anne Beathe Tvinnereim a justifié par les énormes fluctuations du revenu national brut norvégien, soudainement dopé par le bond du cours des hydrocarbures, dont le pays est un des principaux producteurs en Europe.