La publication début février sur les réseaux sociaux de photos d’une stèle qui aurait été découverte dans la région de Sidi Abed (province d’El Jadida) continue d’interroger. Ni la personne à l’origine de la diffusion des images ni la pierre n’ont en effet été retrouvées pour le moment.
Dans un communiqué parvenu samedi à la MAP, l’INSAP souligne qu’une commission, composée de la Direction régionale du patrimoine culturel et des autorités provinciales d’El Jadida, s’est rendue sur les lieux pour vérifier les faits et révéler les tenants et les aboutissants de cette information, notant que les efforts sont toujours en cours pour localiser l’emplacement exact de la découverte.
Aboulkacem Chebri, archéologue et directeur du Centre d’études et de recherches sur le patrimoine maroco-lusitanien, a en effet indiqué à la MAP que les efforts déployés n’avaient pas encore permis de localiser précisément le site, rendant difficile le travail des spécialistes. Il ajoute néanmoins que le déchiffrement révélé par le professeur Abdelaziz El-Khayari à l’INSAP, spécialiste des langues amazighes anciennes en Afrique du Nord, “offre l’opportunité de revisiter notre histoire”.
Selon l’INSAP, l’examen des photographies mené par le Pr Abdelaziz El-Khayari fait ressortir qu’il s’agit d’une pierre tombale portant une inscription funéraire en ligne verticale et écrite en libyque (les lettres dans lesquelles la langue amazighe était écrite dans les temps anciens), dont sont dérivées les lettres tifinagh.
Cette inscription appartient à l’ère ancienne, avant l’avènement de l’Islam, et est similaire en termes de type et de caractéristiques à l’épigraphie libyque utilisée dans d’autres inscriptions précédemment découvertes dans les régions de Ain Jamaa au sud-ouest de Casablanca, Sidi El Arbi (banlieue de Mohammedia), Nkhila (région de Settat) et Souk Jamaa (Maaziz), entre autres.
Les inscriptions dites libyques ou puniques, amazighes en général, datent généralement de quelques siècles avant Jésus-Christ, a relevé de son côté Aboulkacem Chebri, précisant qu’il s’agit de plusieurs langues et non d’une seule.
“Toute nouvelle découverte nous dévoile de nouvelles pages de ces siècles moins connus des historiens et des archéologues. Les zones qui n’avaient pas connu une occupation romaine sont encore mal connues, et Doukkala en fait partie”, a-t-il fait savoir, relevant que l’inscription de Sidi Abed s’avère salvatrice.
Le directeur de l’INSAP a saisi cette occasion pour appeler les personnes ayant découvert l’inscription à révéler son emplacement exact, sachant qu’à travers ce geste, elles rendront “un très grand service” au Maroc.
(avec MAP)